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Date d'ajout : 29-02-12

Jean-Louis Aubert monte son groupe dans une grotte à Ibiza

Jean-Louis Aubert - Quai Baco

Jean-Louis Aubert naît le 12 avril 1955 à Nantua, dans l’Ain. Son père est sous-préfet.

« Mon père était de droite… par obligation. En fait, c’était plutôt un sous-préfet ‘’aux champs’’, poète, très calé en philo, amoureux de la culture grecque, parlant grec et latin. » (Platine, avril 98)

Ce même père est musicien à ses heures. Il accrochait d’ailleurs sa guitare dans la chambre du petit.

Vers 4 ans, Jean-Louis découvre le piano dans le foyer familial. Il y tourne autour et joue ses premières notes, assez souvent, peut-être un peu trop.

« Avec l’imagination d’un môme, j’avais le sentiment de reproduire au piano le même air que j’avais en tête. L’impression magique de pouvoir jouer n’importe quelle chanson. En vérité, seul le rythme avait une forme, le piano m’a toujours semblé mystérieux. » (Téléphone le livre, 1983)

Il découvre le rock avec sa sœur qui écoute les Beatles et les Stones dans le grenier de la maison. Devant les copains, Jean-Louis s’équipe d’un balai en guise de guitare et imite Keith Richards.

Un petit branleur

Jean-Louis Aubert a 11 ans lorsque la famille déménage à Senlis, en région parisienne.

« J’étais un môme très dissipé car j’avais été élevé en province dans une certaine liberté. Et quand on est arrivé à Paris, logeant dans un petit appartement, j’ai fait beaucoup de conneries.» (Téléphone, le livre, 1983)

A l’école aussi où il devient l’idole de ses petits camarades.

« Le lycée Pasteur, 3000 élèves, j’étais paumé. Dès les premières heures de cours, je me chope six colles, le lendemain, deux autres : il en fallait neuf pour être viré. Je me suis tout de suite pris les boules et en une semaine, j’étais un peu le leader de la contestation disciplinaire. » (Téléphone le livre, 1983)

Le déclic musical

Il assiste à Paris à l’opéra rock « Tommy » des Who. C’est la révélation immédiate : il fera du rock et rien d’autre.

« J’avais 12 ans et l’impression d’aller écouter de grands frères rebelles. Je n’ai pas entendu grand chose, j’ai surtout ressenti une attitude et une puissance sonore. Ce n’était pas de la musique faite pour danser, seulement ça provoquait une envie irrépressible de se presser contre la scène. C’était d’ailleurs un groupe mod’s assez masculin. J’ai alors décroché la guitare de mon père et j’ai commencé à repiquer d’oreille ‘’Tommy’’. » (Platine, avril 1998).

Plus tard, Jean-Louis Aubert dira que tous les gens devenus ses amis ont assisté à ce concert.

Sa révélation musicale intervient en plein contexte de révolution sociale. L’heure est aux paroles engagées et à la musique contestataire.

« Après les Who je suis allé voir Creedence Clearwater Revival à l’Olympia, puis le film ‘’Woodstock’’ avec mon père. Je m’étais aussi acheté le poster ‘’Sergent Pepper’s’’ des Beatles. Ces musiques étaient liées à mai 68. Même si j’étais très jeune, j’avais l’impression que le monde allait changer avec la musique… Le mouvement était assez puissant pour qu’on y croie. Et on a eu raison parce qu’il a planté ses dents dans la culture. » (Platine, avril 98)

A cette époque, Jean-Louis Aubert est encore un ado. Il achète sa première guitare vers 15 ans : une Lucky 7 électrique.

« Je connaissais trois notes de guitare, mais je me roulais par terre dans la classe. Un jour, la femme de ménage du lycée s’est arrêtée pendant 10 minutes pour me regarder et, quand je me suis arrêté, elle m’a dit : ‘’C’est très, très, très, bien’’. Ca a été la 1ère personne extérieure de mon entourage à qui ça avait l’air d’avoir fait quelque chose. » (Libé, 17/05/97).

Le petit Jean-Louis future star de la musique rock ? Ses parents sont absolument contre. Ils veulent que leur protégé devienne avocat, qu’il soit quelqu’un de respectable. Pourtant, le jeune rebelle va s’entêter et se mettre à l’écriture.

« Vers l’âge de 16/17 ans, l’intérêt de l’écriture m’est apparu brusquement. A l’époque, ce qui m’intéressait c’était les guitar heroes, pour moi les chanteurs n’étaient là que pour porter les guitaristes, j’adorais les groupes anglais… et puis il y a eu cette espèce de révélation : tard dans la nuit, j’écrivais, j’avais l’impression que c’était l’écriture qui m’aimait… » (Téléphone, le livre, 1983)

Un trip US psychédélique

En 1972, à l’âge de 17 ans, il part aux États-Unis avec un copain. Objectif : profiter de toutes les aventures qui s’offrent à eux.

« On allait vraiment de l’avant et on suivait n’importe qui. J’étais curieux de toutes les aventures, déviances sexuelles, politiques et musicales… Je suis tombé dans des sectes, dans tout ce qui recueillait des gens pauvres. J’ai découvert l’humanité. J’y ai énormément appris. » (Platine, avril 98)

Les deux compères font la manche pour gagner un peu de sous. Ils chantent donc des chansons américaines que les gens reprennent en cœur, en chantant mieux qu’eux.

Après un an de vagabondage aux États-Unis, Jean-Louis rentre en France. Sans un sou mais heureux.

« Le mouvement hippie était déjà terminé, on était vachement en retard et rien n’était comme on l’avait imaginé. Je suis revenu sans rien, mais le voyage avait été initiatique. Parce que oui, j’aimais la musique rock, mais je me suis aperçu que le fait de chanter en français apportait quelque chose. J’étais comme un étranger de retour au pays, avec la forte conviction qu’il fallait faire cette musique, mais chantée en français. » (Best, juillet 1997)

Les débuts en soirée

Jean-Louis Aubert connaît ensuite une petite période plus ou moins studieuse. Il déserte les bancs du lycée Carnot, mais obtient quand même son bac C en 1974. Il s’inscrit en fac de musicologie l’année suivante pour un an et demi d’études.

Le lycée Carnot lui permet de faire la rencontre d’un excellent guitariste dont il entend parler depuis plusieurs années : Louis Bertignac. Les deux musiciens en herbe passent 8 heures à jouer ensemble dans le magasin de guitare à proximité du lycée.

Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka forme un premier trio qui joue dans les caves et les rallyes étudiants du XVIème arrondissement. La première soirée est chez un certain Antoine de Caunes.

De zikos à chanteur, la naissance de Téléphone

En 1976, il forme un autre trio avec Richard Kolinka et Daniel Roux. Le groupe, baptisé Sémolina, parvient à sortir un 45 tours chez la maison de disques WEA.

Jean-Louis pose sa voix sur un des titres : « Plastic Rocker ».

« Le producteur m’a dit : ‘’Tu seras un bon chanteur de rock’’. En fait, je chantais faux. J’avais une bonne petite gueule avec plein de boutons et les cheveux très gras. » (lexpress.fr, 24/11/10)

Un chanteur peut-être, mais un chanteur pour l’instant inconnu. Jusqu’au jour où il motive ses potes en voyage à Ibiza.

« Nous étions descendus en voiture dans une grotte à Ibiza. 15 jours à poil à manger du riz et du miel, encadrés par des hippies plus âgés. Au bout de 10 jours, j’avais dit aux autres membres du groupe : ‘’On va monter à Paris, faire des concerts et prendre de l’argent aux riches.’’ Notre projet devenait clair comme de l’eau de roche. Avec des amis, on collait des affiches, photocopions la nuit des tracts dans un bureau. On s’est retrouvé une petite armée à travailler pour un concert au Centre américain. » (Platine, avril 1998)

Ce concert au Centre hospitalier, le 12 novembre 1976 boulevard Raspail, marque la naissance de Téléphone. Même s’il n’a pas encore trouvé de nom et s’appelle « ! », le concert est un succès.

« Nos 1ères chansons en français ‘’Métro’’, ‘’Hygiaphone’’ ont eu un impact extraordinaire. C’était l’émeute entre les malades et les infirmiers, des couples se formaient dans les fourrés, les malades s’éparpillaient dans le parc : une ambiance de révolte dans un centre hospitalier ! » (Platine, avril 1998)

Après ce concert, le groupe composé de Jean-Louis Aubert, Richard Kolinka et deux anciens de Shakin’Street, Louis Bertignac et Coline Marienneau, se produit dans les facs, les MJC et les soirées de copains… jusqu’aux salles de spectacles et aux studios d’enregistrement. La groupe signe moins d’un an après sa formation chez Pathé-Marconi.


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