Anecdotes d’artistes sur les stations balnéaires de l’Atlantique
Quai Baco continue son tour de France des plages sur lesquelles les artistes d’hier et d’aujourd’hui ont des anecdotes à nous raconter. Après notre article sur les stations balnéaires de la Manche, direction le littoral Atlantique.
La Bretagne, ça vous gagne
Notre périple du Nord au Sud nous emmène d’abord à Douarnenez où Bob Sinclar, alias Christophe Le Friant est peut-être né le 10 mai 1967. (Il entretient le mystère autour de sa naissance.)
Puis direction Belle-Île, chantée par Laurent Voulzy dans Belle-Île en Mer, Marie Galante.
Belle-Île, c’est aussi le lieu qui a vu naître les talents d’acteur de Renaud en 1971.
« A 19 ans, j’avais rencontré Patrick Dewaere en vacances, à Belle-Ile-en-Mer. Il m’a invité chez lui et m’a présenté ses copains : Coluche, Miou-Miou, Romain Bouteille. Je leur ai chanté mes chansonnettes et comme ça les a fait marrer, ils m’ont engagé sur-le-champ, au pied levé, pour remplacer un comédien défaillant. » (Renaud raconté par sa tribu, Archipoche)
A la suite à cette rencontre, Renaud a donc intégré la troupe du Café de la Gare pour quelques mois, avant de changer de métier, à notre plus grand plaisir.
En face de Belle-Île, sur le continent, Quiberon a fait découvrir les joies de la thalasso en 1982 à un Michel Sardou bien accompagné par Michel Audiard et Lino Ventura.
Mais le coin héberge surtout les premières scènes de Bertrand Belin. Le natif d’Auray passait ses week-ends à jouer dans les bars de la région avec ses trois frères guitaristes. Sa chanson Madeleine est une référence à la grande tante qui l’accueillait au presbytère de Quiberon quand il était petit.
Autre souvenir morbihannais, celui de Miossec au Festival de Vannes. Un de ses pires concerts.
« J’avais fait de l’acupuncture avec un copain acupuncteur pour me détendre et en fait, ça m’a foutu complètement sur le cul. Avec quelques bières par-dessus, tu sais plus du tout ce que tu fous là. C’était même pas 10% des paroles que je ne me rappelais pas, c’était carrément 90%. Y’avait 18.000 personnes, j’avais même pas le trac, j’étais là… » (christophemiossec.com)
Un autre artiste a un mauvais souvenir de la ville de Vannes. Quand Didier Wampas a voulu y chanter Chirac en prison, la municipalité UMP a réagi en menaçant d’annuler le concert et en coupant certaines subventions. Heureusement, les médias se sont emparés du débat et ont mis suffisamment de pression pour que le concert ait lieu.
Le Pays nantais et la Vendée
Si Laurent Voulzy passait toutes ses vacances d’enfance à Saint-Brévin-les-Pins, les artistes ont plutôt l’habitude de fréquenter la station balnéaire mondaine de La Baule. L’auto-proclamée plus belle plage d’Europe est un lieu de rencontre pour la Haute, artistes compris. Johnny Hallyday y a ainsi fait la connaissance de Ray Charles et Count Basie le 2 août 1962 pendant le festival de jazz.
Mais Johnny garde un autre souvenir de La Baule. Celui de la tournée Les Bras en croix, en 1963.
« Cette tournée m’a coûté cher… en voitures. Sur la route de Modène, j’ai plié la Ferrari, échappant une nouvelle fois à la mort. Arrivé à Biarritz j’ai acheté la dernière Fiat, un coupé 2300. Une semaine plus tard, mon secrétaire, Jean-Pierre Pierre-Bloch, l’encastrait dans un car à La Baule. J’ai terminé la tournée en voiture de location. »
Plus au Sud, Boris Vian venait se reposer à l’abri du strass et des paillettes sur la plage de Saint-Jean-de-Monts. Il y possédait une maison, Avenue de la mer. C’est là qu’il a composé J’irai cracher sur vos tombes pendant l’été 1946.
La Rochelle et Royan
La Rochelle est bien connue par l’industrie musicale pour accueillir chaque année le prestigieux festival des Francofolies. C’est d’ailleurs dans le cadre de ce festival que Patrick Bruel a écrit Casser la voix et que Renaud a composé Putain de camion.
S’il est impossible d’énumérer tous les artistes qui ont brillé sur la scène des Francofolies, La Rochelle reste une ville idéale pour lancer une carrière.
Calogero s’est ainsi illustré à la Fête de la musique.
« Je me souviens d’un soir, près de La Rochelle, j’étais bassiste pour un autre artiste. Vers la fin du concert, il était tellement saoul, qu’il n’arrivait plus à chanter et discutait avec le public. Je me suis avancé vers le micro et je me suis mis à jouer des reprises des morceaux que j’adorais, comme ceux des Who. Ça, c’est un souvenir de fête de la musique qui est gravé à jamais dans ma mémoire ! » (TV Grandes Chaînes, juin 2004)
C’est aussi à La Rochelle que John et Jehn ont fait connaissance.
Jehn : « On s’est vraiment rencontré à un premier de l’an à La Rochelle en 2005. En parlant, on s’est rendu compte que l’on avait les mêmes goûts. Il était donc évident que nous ferions de la musique ensemble. » (openmag.fr)
Enfin, La Rochelle est une formidable source d’inspiration pour les auteurs. La ville est chantée dans un grand nombre de morceaux :
- Billy m’aime d’Alain Souchon
- La Rochelle par la mer d’Anne Sylvestre
- Scorbut d’Hubert-Félix Thiéfaine
- Les Vacances à La Rochelle de Soldat Louis
- Novembre à La Rochelle de Sylvie Vartan
- J’aime les filles de Jacques Dutronc
Pas très loin de La Rochelle, Royan n’a pas à rougir de son succès. C’était devenu le lieu de villégiature privilégié de Sacha Guitry au début des années 30.
Royan fut aussi le théâtre des premiers pas d’Alain Bashung qui, après avoir reçu une guitare Lucky 7 en cadeau, a fait ses premiers contrats au Régalty.
Enfin, un peu plus au sud, Saint-Georges-de-Didonne est la ville de naissance de Bérald Crambes, le bassiste du groupe BB Brunes.
L’Aquitaine
L’Aquitaine est elle aussi un bon terreau pour le patrimoine musical français. Le groupe Hangar vient du Cap-Ferret, cette même station balnéaire où Jean-Louis Aubert aimait se ressourcer.
Plus au Sud, Mimizan a beaucoup inspiré le groupe Beirut qui lui a d’ailleurs consacré une chanson éponyme.
Hossegor n’est pas en reste, c’est la plage dont parle Françis Cabrel dans Hors-Saison.
Mais la région est surtout celle du groupe Luke. C’est à Arcachon qu’il a enregistré son second album La Tête en arrière, à la guitare sèche et sur dictaphone.
Thomas Boulard : « J’ai tenu à enregistrer les textes dans ma région bordelaise. On a donc loué une maison dans le bassin d’Arcachon, avec des arbres qui poussent à l’intérieur et des escaliers en ferraille. Une maison hallucinante, une ambiance mystique. On est resté là pendant deux semaines. » (Rock Sound, avril 2003)
La Côte Basque
Daniel Balavoine a grandi dans la région, entre Pau, Dax et Bayonne, Jacques Martin est décédé à Biarritz en 2007 et Pep’s a fait la manche en 1998 dans les rues de Biarritz en jouant de la musique. PacoVolume a acheté sa première K7 dans un bar de Saint-Jean-de-Luz, Alain Chamfort a été envoyé au sanatorium d’Hendaye à 4 ans et Thomas Boulard du groupe Luke a eu une révélation à Hendaye lui aussi.
« Un jour, j’ai eu un déclic. J’ai compris ce qu’était une chanson. C’était lors d’un concert à Hendaye. Il y avait Louise Attaque, M, Little Rabbits. En une minute, j’ai compris. Après il faut bosser pendant une vie entière pour réussir mais le lendemain, j’ai fait cinq ou six chansons. » (rocknfrance.free.fr)
Mais c’est bien Henri Salvador qui a la meilleure anecdote sur le Pays Basque. A l’époque de la guerre, Henri est soldat dans l’armée française. Les désertions se font fréquentes à mesure que les Allemands pénètrent toujours plus loin à l’intérieur du territoire français. Quand ils arrivent à Soissons, même le commandant d’Henri a disparu dans la nature. Son lieutenant lui intime l’ordre de fuir. Il part vers Biarritz où, après 800 kilomètres à vélo, il s’évanouit.
Henri Salvador se réveille à l’hôpital de Biarritz et doit présenter ses papiers pour en sortir. Sauf qu’il a brûlé son livret militaire entre temps. Heureusement, il connaît bien le maire de Biarritz qui lui procure un nouveau livret avec, en prime, sa libération. A la place de la mention « Doit rentrer à Paris pour rejoindre son régiment », le maire inscrit « Doit rentrer à Paris pour y être libéré ».
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En 1940, Henri Salvador revient jouer à Biarritz. Avec son ami Tilche, il fait le pari d’aborder une fille dans la rue et de lui demander de l’épouser. Si elle accepte, Henri gagne 1000 francs.
« C’est sur ce pari hallucinant que je me suis marié pour la première fois avec une femme que j’allais traîner pendant sept ans et qui fut un cauchemar de tous les instants. »
Nous voici au bout de notre parcours sur les plages du littoral Atlantique. Vous pouvez découvrir les anecdotes liées aux stations balnéaires de la Manche ou de la côte méditerranéenne.
S.L.
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