Carla Bruni dépose des textes anonymes sur un piano
Carla Bruni-Tedeschi est italienne. Elle naît le 23 décembre 1968 à Turin.
Dès sa naissance, elle baigne dans la musique classique. Papa est un riche industriel, compositeur reconnu à ses heures. Alberto Bruni-Tedeschi écrit notamment plusieurs ballets et opéras. Quant à maman, Marisa Borini, elle excelle au piano. Concertiste, elle fait ses gammes à la maison, sans vraiment s’occuper de la petite Carla ou de ses frères et sœur (Virginio et Valeria).
« Ma mère donnait des concerts entre deux tétés. » (Rolling Stone, novembre 2002)
Carla a cinq ans quand la famille décide de s’installer à Paris, par peur des attentats et enlèvements qui se multiplient en Italie, imputables aux Brigades Rouges.
Carla Bruni vit très bien son déménagement à Paris, sans aucun problème d’identité.
« Je me sens extrêmement italienne, mais italienne piémontaise. Et le piémont c’est vraiment le Français de l’Italie. »
Pfff, l’école…
Elle est inscrite par ses parents dans une école primaire italienne à Paris. Malgré les mauvaises notes, elle est élue chef de classe à huit reprises.
« Je demandais qu’on puisse fumer dans le préau et qu’on ait de la bière à la cantine. » (Les Inrockuptibles, février 2004)
Ayant grandi au son du piano de sa mère, la petite Carla maîtrise elle aussi cet instrument. Mais elle découvre la guitare à neuf ans et en tombe définitivement amoureuse.
Elle écrit rapidement ses premières compositions, aidée par sa connaissance de la littérature.
La jeune Carla Bruni est ensuite envoyée dans des collèges suisses avant de revenir passer son bac en France en 1985.
Ouf, la voici enfin débarrassée de ces études. Elle s’inscrit bien à la fac d’Arts et Architecture à Tolbiac, mais n’assiste à aucun cours.
« L’université était trop loin. Il y avait au moins vingt-sept stations de métro et deux changements. »
Plaisir intense en mannequinât
A cette époque, Carla Bruni est un peu dans le flou. Ce qu’elle souhaite, c’est avant tout de travailler pour vivre. Sous les conseils d’une amie de son frère, elle se présente à l’agence City Models de Paris pour tenter sa chance en tant que mannequin. Elle est immédiatement embauchée.
À 19 ans, sa carrière de mannequin décolle. Elle quitte définitivement les études pour défiler sur les podiums du monde entier, au même titre que Claudia Schiffer, Naomi Campbell ou Cindy Crawford.
En 1990, elle est à l’apogée de sa carrière. Une des femmes les plus photographiées du monde. Elle gagne près de 2 millions de dollars par an en travaillant pour les plus grands couturiers, pour les plus grands photographes.
Elle rencontre beaucoup de personnalités. Notamment des musiciens avec qui elle noue parfois des liens d’amitié. C’est le cas avec Eric Clapton ou Mick Jagger.
« J’avais un succès fou, c’était divin de jouir de tout ça. J’aurais été une idiote de ne pas en profiter. Je me suis épanouie dans cette vie, ma première jeunesse, à faire Paris/New-York deux fois par semaine. » (Elle, 04/11/02)
Un plaisir donc, mais aussi pas mal de contraintes.
« J’ai beaucoup appris, surtout à travailler ! Physiquement, c’est rude. Ce ne sont pas forcément les plus belles qui réussissent, mais les plus résistantes. Comme dans la danse ou le sport. Ce sont des rythmes de dingue que l’on peut supporter seulement entre 20 et 30 ans. » (Le figaro étudiant, 04/11/02)
Le rythme de travail ne l’empêche pas pour autant de se reposer, de temps en temps, sur sa fidèle guitare. Elle y trouve un peu de réconfort dans ce monde de dingues, entre deux défilés, entre deux castings.
Réorientation forcée
L’année 1995 marque les premières apparitions de Carla Bruni à l’écran. Elle participe à la soirée de gala des Restos du cœur, au film de Steeve Rhodes « Unzipped » et à la sérieTV allemande « Schönsten frauen der welt » (Les plus belles femmes du monde).
L’année suivante, elle joue dans « Catwalk » de Robert Leacock.
Mais ce qui domine l’actualité de Carla Bruni en cette année 1996, c’est la mort de son père.
« J’ai toujours connu mon père âgé. C’était un monument, un homme de pouvoir un peu intimidant. Toute ma vie, j’ai cherché à attirer son attention… C’est pour lui que j’ai voulu réussir. Avant de mourir il m’a vu au top. Donc je n’ai pas de frustration. » (Paris Match, 04/04/96)
Conséquence directe ou pas de la mort de son père, Carla Bruni met un terme à sa carrière de mannequin en 1997. Plus qu’une décision mûre et choisie, c’est le métier qui la rejette.
« Le monde de la mode m’a procuré beaucoup de satisfactions, mais certainement pas assez d’émotions. Je ne crache pas dessus, j’en éprouve au contraire une réelle nostalgie. J’ai mal vécu la cruauté d’un système qui voulait qu’à 30 ans, je fasse partie du quatrième âge. » (Epok, novembre 2002)
« Un jour, je me suis aperçue que je ne connaissais plus les filles avec lesquelles je travaillais. C’était comme si j’avais redoublé une classe : les profs étaient les mêmes mais plus mes copines. » (Paris Match, 09/ 11/00)
Les propositions de plus en plus rares, Carla Bruni prend un virage dans sa vie. Maintenant, c’est décidé, elle sera artiste musicienne. L’ex-mannequin international prend humblement des cours de chant tout en continuant à écrire et composer.
Jusqu’au jour où, en 1999, elle dépose des textes anonymes sur le piano de Bertrand de Labbey, patron d’Artmédia. L’homme d’affaires est immédiatement séduit.
« J’ai essayé de faire les choses le plus anonymement possible par rapport à mon image de top model. Je ne gagnais rien à présenter directement des textes, ni des maquettes portant mon nom. Parce qu’à chaque fois, les gens devenaient goguenards. Je suscite la plus immédiate des ironies et des condescendances. »
C’est ainsi que Carla Bruni devient l’un des auteurs de Julien Clerc. Elle écrit six chansons de l’album « Si j’étais elle », un album à succès qui la révèle au public et l’incite à concevoir son propre album, quitte à revenir à une forme d’exhibition.
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