Porté par une campagne marketing superbement ficelée, le nouvelle album de Stromae est déjà un succès commercial tant l’attente était grande. Avec plusieurs tubes sortis en avance de phase, le belge a réussit un retour sans fausse note en renouant avec un public acquis à sa cause. Cependant, au fur et à mesure des écoutes on découvre un Stromae moins piquant, un peu coulant qui  progressivement s’enferme dans un divertissement parfois un peu facile. Sans être raté ce nouvel opus intitulé « Multitude » nous déçoit quelque peu. 

C’est par un hymne à la résilience que le belge ouvre les hostilité sur un « Invaincu » aux basses puissantes. Mélangeant chants harmoniques et rythmiques lourdes, Stromae réussit une fois de plus à nous faire danser sur une thématique profonde et touchante. Mettant en scène l’histoire de sa famille dans un premier titre qui met les frissons, le belge tape dans le mille et transforme une blessure en une force indescriptible.  

« L’enfer » est peut-être LE titre que l’on retiendra de cet album. Dans une sorte de confession expresse, Stromae revient sur sa dépression et ses pensées suicidaires. Sur un background très précis mêlant variété aux harmonies à tomber et chants frissonnant, il réussit à personnifier son malaise et sa maladie. Dans une sobriété clinique, le belge transforme l’essai sur une composition extrêmement fouillée qui cultive un véritable lien entre sonorité, approche textuelle et esthétique. 

Cette capacité à construire des tubes, se retrouve aussi dans « Santé » . On retrouve ici la recette qui a fait de Stromae ce qu’il est aujourd’hui. Sur une instrumentation entrainante, mélange de fado et de rythmes caribéens, le belge souligne les injustices d’une société toujours plus inégalitaire. Mettant en lumière les invisibles, il nous entraine dans une composition superbement produite et diablement efficace. En 3 minutes, le belge réussit à imposer un esthétique, une musique aux mélodies entêtantes et un texte ciselé et abordable. 

Malheureusement passés ces 3 titres, on se retrouve rapidement englué dans une suite de compositions qui semblent comme écrasées par le brillant des 3 tubes précédents. Que ce soit sur « Fils de Joie » , « Pas Vraiment » ou « Mon Amour » , le belge surjoue pour essayer de relancer la machine. On est comme englué dans cette musique divertissante qui n’imprime rien en nous. Les titres passent sans laisser de trace et l’on découvre un Stromae se débattant dans une mélasse qui nous surprend. L’étincelle ne revient qu’au travers des 2 titres « Mauvaise Journée » et « Bonne Journée » qui se répondent . Dans une production mi folklorique – mi électro, le belge réussit à terminer sur une note frissonnante. 

Mi-figue, mi-raisin, ce « Multitude » fait cohabiter de véritables tubes et des productions beaucoup plus ternes qui finalement emportent l’ensemble dans une impression de déception. Comblant une présence et une pertinence des titres dans une forme de théâtralité qui ne fonctionne pas beaucoup, Stromae se prend les pieds dans le tapis et ne réussit pas à nous emporter sur une grande partie des compositions de cet album. Sans grande conviction à part sur quelques tubes magnifique, le belge se perd dans un opus hétéroclite et mollasson. 

Nos coups de  : SANTE, L’ENFER, MAUVAISE JOURNEE

Note : 8.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com