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Date d'ajout : 11-10-13

Pias France : La passion de la musique !

Directeur de Pias France, Laurent Didailler est également l’une des chevilles ouvrière de [PIAS] le Label avec des artistes incontournables tels Miossec, Da Silva, Eiffel et Jean Louis Murat. Alors que la maison indépendante fête ses trente ans cette année, il revient sur cette fantastique aventure et nous fait partager ses souvenirs et ses coups de cœur.

Pias France passion musiqueBonjour. En quelques mots qu’est-ce que le métier de directeur de label ?

Je suis directeur général de [PIAS] France responsable de plusieurs entités comme [PIAS] LE LABEL qui est notre label français dont le tout nouveau directeur est Guillaume Depagne.

Nos dernières signatures : JEAN LOUIS MURAT (une très belle rencontre en 2012 et une envie commune de travailler ensemble) et DOMINIQUE DALCAN (ce sera son nouvel album depuis 15 ans, j’ai hâte d’écouter). Nous aurons un nouvel album de DA SILVA avant la fin de l’année et de Florent MARCHET début 2014. Christophe MIOSSEC est aussi au travail. Je suis très impatient d’entendre et de défendre ces artistes et albums.

Je suis aussi responsable de l’activité de développement du live avec notre département [PIAS] NITES et notre activité de musique à l’image [PIAS] MEDIA. Ne pas oublier que nous avons notre propre structure de distribution, promotion et marketing. Nous sommes totalement autonome.

Play It Again Sam Pias a été créé en 1983 par Kenny Gates et Michel Lambot à Bruxelles. Vous avez intégré le label en 1994. Quel est votre regard sur ce riche parcours ?

Une immense fierté. 30 ans d’indépendance et la création d’un univers riche. De Miossec a 2 Many DJ’s, de Propellerheads a Agnes Obel, de Laurent Garnier à ALT-J pour ne citer que quelques un de nos succès. Une bataille de tous les jours, des hauts, des bas, un marché toujours en changement, une remise en question permanente, tant au niveau artistique que commercial. Nous avons réussi à créer une entité professionnelle, ambitieuse et qui ressemble fortement à une grande famille. Notre plus belle réussite.

Quel est votre parcours ? Etes-vous musicien au départ ?

Absolument pas musicien. juste un passionné de musique depuis mon adolescence en haute Savoie. Des études supérieures de mathématiques et ensuite un virage radical pour entrer dans le milieu de la musique. Premier emploi : le meilleur disquaire de France à ce moment-là : la FNAC. Ensuite passage par la case maison de disques via ce qui était pour moi le plus intéressant label indépendant français : NEW ROSE. Puis la création en 1994, le 1er avril, de [PIAS] France.

Votre champ d’activité est très large : ça va du rock international (Oasis, Editors, Bloc party, Alt J, Garbage) à la scène française (Miossec, Eiffel, Da Silva, Florent marchet) en passant par les musiques electro et urbaines (Laurent Garnier, Wax Tailor, Vitalic, Soulwax). En revanche peu d’artistes des 60’s 70’s, pourtant la période la plus riche en matière de pop rock…Pourquoi ?

Nous avons débuté en 1994 en France. Il était très dur à l’époque de signer avec des marques fortes des années 60 / 70 liées par contrat à long terme avec les majors. Alors nous nous sommes lancés dans la recherche et la découverte de tout nouveaux talents émergents comme MIOSSEC qui n’avait pas d’équivalent musical en France à cette période. La musique électronique était à ses balbutiements et nous avons créé F COMMUNICATION avec Laurent GARNIER et Eric MORAND . Premiers succès immédiats avec Laurent GARNIER et ST GERMAIN.

Quant aux années 60/710, nous venons de signer la distribution exclusive du catalogue SANCTUARY : THE KINKS / THE SMALL FACES. De très grands artistes et albums dans les années 60 ! Nous sommes à l’origine de la réédition des deux albums de RODRIGUEZ, un fantastique parcours jusqu’à la reconnaissance par un très large public aujourd’hui.

Quand on regarde vos productions, le catalogue est aussi impressionnant que prestigieux : C’est un travail de fond, un travail de longue haleine pour arriver à convaincre des artistes prestigieux comme Oasis ou Paul McCartney de travailler avec vous ?

Et vous pouvez citer : PLACEBO / GARBAGE / NICK CAVE …et bientôt PRINCE. Oui, c’est un travail de très longue haleine, qui demande de prouver au quotidien que vous êtes capable de défendre ces artistes aussi bien en média et par des stratégies innovantes que de pouvoir distribuer ces albums sur 100% du territoire en donnant le maximum de visibilité possible. Cela n’est possible qu’avec des équipes soudées et passionnées. L’une des clefs de notre réussite est notre passion, ce que beaucoup d’artistes aujourd’hui ne ressentent plus dans les grands groupes financiers qui détiennent une partie de l’industrie musicale actuelle.

Vous avez un contact privilégié avec les artistes. Avez-vous des petites anecdotes amusantes à nous raconter ? des caprices de stars ?

Beaucoup d’anecdotes. Une très grande soirée avec Liam Gallagher à Paris ou nous avons ‘oublié’ de dîner car une discussion de plusieurs heures sur la musique à totalement pris le dessus. 6 heures à discuter a bâton rompu sur la musique ‘garage’ des années 60. Et réussir à faire découvrir un groupe anglais que Liam ne connaissait pas : THE FLEURS DE LYS. Groupe formé en 1964 dont le premier single a été produit par Jimmy Page.

Des moments douloureux aussi j’imagine quand Oasis se sépare à Rock en Seine… Extrêmement difficile à vivre. Devant vos yeux. Un mythe tombe. Une déchirure. La musique c’est aussi cela, rien n’est jamais acquis. Ce qui rend notre métier très excitant. Mais aussi douloureux.

Vous avez crée les Pias Nites, des scènes entièrement dédiées aux artistes maisons, parlez nous en un peu

Il s’agissait de créer un environnement pour la découverte de nos artistes avant la sortie des albums. Il devient de plus en plus difficile de promouvoir de nouveaux artistes de manière traditionnelle et nous nous devions de créer des événements, de nous rapprocher des amateurs de musique (consommateurs) et aussi des acteurs de cette industrie (magasins et media).

[PIAS] NITES, un lieu interactif non seulement dédié au live mais pas que. Vous trouverez aux [PIAS] NITES, un magasin avec des exclusivités, des rencontres avec les artistes, un rendez-vous du nom de Music Speed Dating ou de nouveaux talents rencontrent nos directeurs artistiques. Un lieu de vie.

Avec succès car AGNES OBEL et ALT-J ont donné leur premier concert en France lors de nos [PIAS] NITES. Nous sommes fiers d’être la seule maison de disque en France a donner un rendez-vous six fois par an lors de soirées découvertes. Nous fêterons nos 20 ans l’année prochaine avec certainement deux évènements [PIAS] NITES importants.

Avez vous une idée des artistes Pias coups de cœur qui pourraient apparaître dans la programmation des Inrocks 2013 ?

VALERIE JUNE, en provenance des états unis, du Mississippi exactement, album produit par un membre des BLACK KEYS. Une déesse. Sublime. TEMPLES sur le label HEAVENLY. Le subtile mélange entre psychédélisme et pop. Attention Talent comme dirait un Agitateur Culturel !. Pas d’album avant 2014 mais une date au festival des Inrocks. DRENGE, sur INFECTIOUS records, le chaînon manquant entre THE BLACK KEYS et KILLIJNG JOKE. Énorme.

Vous fréquentez les salles de spectacles depuis longtemps. Certaines salles sont chargées d’histoire(s) ont une âme, une légende de part leur architecture mais aussi grâce aux artistes qui s’y sont produits. Si il devait n’en rester qu’une sur Paris ce serait laquelle ?

Une, impossible. J’ai plusieurs lieux, certains n’existent plus vraiment ou sont dédiés à d’autres activités aujourd’hui mais voici ma liste, ces salles qui ont comptés ou compte encore pour moi : j’ai débuté en arrivant à Paris par de très longues soirées au GIBUS (République) et de mythiques concerts de Johnny Thunders, Fleshtones… Le REX CLUB (grands boulevard) avec les premiers concerts en France de Chris Isaac, Red Hot Chili Peppers, Alex Chilton.. Puis l’ELDORADO rebaptisé depuis Théâtre Comedia (Boulevard de Strasbourg). X, Bangles, Jonathan Richman… Et enfin l’ELYSEE MONTMARTRE , salle rock parisienne par excellence, détruite par un incendie récemment. Beaucoup de concerts dans cette salle durant les années 90.

Comment voyez-vous le grand chambardement actuel : déclin des majors et des labels face à la relative bonne santé du spectacle vivant…

Le spectacle vivant souffre. Beaucoup. Pour certains artistes qui font salles combles, énormément d’autres peinent à remplir la moitié d’une salle. La vie n’est pas si rose pour l’industrie du live en France et dans le monde. Le déclin des majors, attention il y a des regroupements, la ‘bête’ n’est pas morte, juste blessée.

Parlons un peu du live. Avez vous un département live chez Pias ? Rachetez vous des salles de spectacles ?

Nous avons choisi l’option d’un partenariat avec un acteur incontournable du live en France : ALIAS. Outre les valeurs communes qui animent nos deux sociétés et les artistes qu’ils défendent en total adéquation avec notre catalogue, nous avons privilégié l’expertise d’un professionnel sur lequel s’adosser. ALIAS détient des parts dans cinq festivals très importants en France (Beauregard à Herouville st clair / Les Déferlantes à Argeles/ Musiclac à Aix les bains / Garorock à Marmande / Les Inrocks France) et aux travers de ses différentes activités s’occupe de salles comme la Fleche d’Or et la Bataclan à Paris. Très importantes pour nous pour développer nos artistes.

De quel œil voyez-vous l’arrivée de Live Nation en France, producteur américain qui avec sa politique du 360 ° offre des moyens considérables aux artistes ?

Il y a en France une ‘exception culturelle’ et elle est aussi valable pour le live. Nous avons la chance d’avoir plusieurs acteurs indépendants forts pour le live en France avant de pouvoir tomber sous l’hégémonie d’un seul.

Les labels indépendants ont peu à peu été rachetés par des de grands groupes. Comment voyez vous votre métier dans dix ans ?

En total indépendance. Nous avons une grande opportunité devant nous. Internet à modifier les lignes. Nous sommes le seul indépendant à proposer un service de distribution, promotion et marketing dans toute l’Europe aux artistes et labels grâce à nos filiales. Notre métier évoluera vers un service, un accompagnement, une expertise. Le Digital : Il y a 4 ans le terme ‘streaming’ est arrivé et est devenu peut être notre futur alors que nous ne jurions que par le ‘download’. Dans 5 ans le ‘satellite’, dans 10 ans le retour de la cassette ! Impossible à dire. La seule chose dont je suis sûr c’est qu’il y aura toujours beaucoup de bonne musique, d’artistes et de personnes pour l’écouter.

Quels artistes aimeriez-vous voir figurer à votre long palmarès ?

Liste trop longue. Quand vous êtes amateur et passionné de musique vous avez envie de travailler avec les meilleurs !

Arnaud Delebarre directeur de l’Olympia se qualifie comme « un artisan du bonheur ». Vous, comment vous définiriez vous ?

Juste un passionné qui essaye de faire de son mieux pour faire découvrir et aimer sa passion.

Retrouvez les artistes Pias en concerts sur Paris et sur les prochains festivals des Inrocks 2013 et Pitchfork Music Festival du 31 octobre au 02 novembre.

Jean-Christophe MARY


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