/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 08-05-14

Fantôme – « It All Makes Sense »

Chef de file d’un courant techno violent et engagé dans les années 2000, Hanin Elias s’était murée dans le silence et exilée en Polynésie Française à partir de 2006. Revenue à Berlin en 2011, elle nous délivre un album beaucoup plus ouvert que ses précédents opus, s’offrant les services d’un Marcel Zurcher multi-instrumentiste et apportant une couleur pop rock bienvenue.

Pourtant, dès le premier titre, on découvre une musique un peu en deçà de l’idée que l’on s’en faisait. L’engagement en berne de l’allemande nous déçoit. « Future Heroes » comporte bien des riffs gras et plombant mais le mélange pop rock qui l’entoure semble avoir la peau de la rebelle.

De la même façon, « Love » définit comme le single de cet album sonne un peu coulant. Très proche d’une musique 90´s de qualité rappelant la punky pop de « Don’t Speak » on se laisse gentiment emporter par cette mélodie attirante et cette structure simple. Malgré cela, la berlinoise d’origine syrienne semble ici se perdre un peu dans une atmosphère au rock glacé et aux chœurs un peu trop taillés pour le tube qui finalement s’avère très banal confinant presque à une pop internationale sans saveur.

Ce n’est finalement qu’à partir de « Song for God » que Fantôme prend véritablement de l’ampleur. Oubliés le métal insipide du premier titre ou la pop rude du second, on débarque ici au travers d’une rythmique froide et très allemande en terme de rigueur dans un titre au rendu industriel et puissant. Guitares massives, rythmique lourde, la musique des allemands colle au tympan. Dense et d’une noirceur gluante, la jeune femme n’a rien perdu de cette puissance presque malsaine.

Que cela soit sur « It All Makes Sense » ou « The Key », Fantôme renoue quelque peu avec un néo hard core qui avait disparu des écrans radars. Proche de Rammstein dans cette rythmique guerrière, ils apportent une véritable touche avec la voix aérienne de Hanin Elias réussissant à rendre le tout très abordable. Les Allemands font resurgir des limbes une musique jusqu’ici quelque peu cantonnée à un underground peu connu du grand public.

On ressent dans la production un clin d’œil à celles des années 90, pas étonné donc d’apprendre que David Husser et Paul Kendall producteurs des album de Depeche Mode, sont aux manettes. Puissant, dense, massif, rageur et entraînant, on retrouve ici le son qui a fait les belles heures du néo métal dans les années 2000 dans un tout rappelant diablement Shaka Ponk.

Bien qu’extrêmement puissant et presque assourdissant à certains moments, Fantôme réussit au travers d’une production au cordeau à nous emporter dans un univers noir et dense dont il est difficile de s’extraire. A la fois pop et rock tout en gardant cette rage propre au métal, Fantôme créé une musique atypique et assez fine pour ne pas écraser cette énergie si spontanée.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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