/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 13-10-16

Vincent Delerm – « A Présent »

A maintenant 40 ans, Vincent Delerm fait parti de ces artistes qui durent et qui réussissent à chaque album à élargir son auditoire. Celui que l’on a connu sobre et monochrome sur ses premiers opus apparaît, sur ce « A Présent », beaucoup plus à l’aise dans une approche orchestrale parfois un poil grandiloquente. Ce nouvel album superbement produit et exécuté questionne nos vies et notre relation au bonheur dans un quotidien qu’il sublime de son mélancolisme.

Dès « La vie devant soi », premier titre grandiose et orchestral, le Français nous sert une ouverture des plus grandiloquentes. Déroulant un thème à la mélancolie folle, Vincent Delerm nous transperce de son approche émouvante. On retrouve avec cet opus une orchestration très grande époque mêlant cuivres et cordes sur une musique à la pop gainsbourrienne. S’amusant à mêler une pop anglaise à une chanson français, il manie le chaud et le froid avec beaucoup de tact. On est comme envoûté par cette musique aux relents vieille France mais possédant cette impertinence classe qui convient aux gens biens un peu rebelles.

Pourtant loin de se contenter de cette approche orchestrale, l’artiste n’hésite pas à y incorporer une approche électro. C’est ainsi que sur « Je ne veux pas mourir ce soir » il nous concocte une sorte de tableau impressionniste réussissant à synthétiser longueur des sons orchestraux et tranchant des sonorités électro. Au travers d’un titre fou mêlant avec beaucoup d’intelligence chaleur acoustique et froideur électro, il nous hypnotise par cette richesse sonore, cette façon de faire fracasser deux mondes sans pour autant perdre les qualités de l’un ou de l’autre.

Sur « Les chanteurs sont tous les mêmes », Vincent Delerm et Benjamin Biolay se croisent et s’amusent à poser leur regard mi humoristique, mi grave sur la vie d’artiste. Possédant une même approche de la chanson, les deux compères se plaisent à jouer sur les mots sourire aux lèvres mais gardant cette distance esthétique. Se grimant en artistes blasés, ils s’amusent à jouer avec les mots pour mieux mettre en valeur leur approche éminemment artistique et recherchée.

S’ouvrant progressivement à l’électro, il nous immerge dans un mélange superbement réussit d’électro et de classique rappelant en cela un François De Roubaix auquel il avait rendu hommage dans un de ses précédents albums. Il dessine ainsi sur « Un été » avec pudeur les contours d’une saison propice aux souvenirs et aux rencontres. Possédant un véritable fond nostalgique tout en gardant cette pointe de modernité, la musique de Delerm apparaît moins sépia qu’auparavant, plus ancrée dans le réel, plus proche de sa vie et de ses habitudes.

Mettant en scène sa musique, comme on met en scène des comédiens, le Français se recréé son cinéma avec un sens aiguë du placement sonore. Sans jamais s’emballer sur ces titres, il nous propose une instrumentation des plus feutrée au rythme fort donnant au tout une profondeur folle. Delerm possède ce côté à la fois très humain et hors du temps qui donne à toutes ses compositions une part d’éternité.

Swing fou, pesanteur lumineuse qui ne cesse de nous surprendre, le pianiste s’envole pour un de ses meilleurs albums. A l’image du titre « Etes-Vous heureux » ayant comme toile de fond le documentaire de Marceline Loridan Ivens, ce « A Présent » questionne notre bonheur et y apporte de multiples réponses. Bonheur d’avoir vécu des moments inoubliables, d’avoir passé du temps avec les personnes aimés, cet album pose les bonnes questions et y répond au travers des souvenirs du français. On y découvre un artiste au fait des problématique actuelle captant avec une émotion folle des moments de vérité.

A.M.

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