Quand Indochine boycottait les Jeux Olympiques
Rappelez-vous, en 2008, Indochine appelait à boycotter les Jeux Olympiques en Chine aux côtés de l’association Reporters sans frontières.
Le 13 juillet 2001, le CIO élisait Pékin comme ville organisatrice des Jeux Olympiques 2008. Ce choix fut très largement critiqué par de nombreuses personnalités. Pour elles, il était inconcevable d’organiser des jeux universels dans un pays où les droits de l’homme n’étaient pas garantis et où la censure sévissait. Si la Chine avait assuré au CIO qu’il n’y aurait aucune restriction envers les journalistes du monde entier, beaucoup de visas furent refusés et la liberté d’information sévèrement compromise.
Face à cette situation, l’association Reporters sans frontières avait demandé aux chefs d’Etats et aux gouvernements de boycotter la Cérémonie d’ouverture des Jeux, le 8 août 2008.
« Appeler au boycott total des Jeux olympiques n’est pas la bonne solution. L’objectif n’est pas de priver les athlètes de la plus grande compétition sportive mondiale ni le public d’un tel spectacle. En revanche, il serait scandaleux de ne pas manifester fermement son désaccord avec la politique gouvernementale chinoise et de ne pas apporter son soutien aux milliers de victimes de ce régime autoritaire ». (Communiqué de presse Reporters sans frontières, 2008)
Indo / Chine
Plusieurs personnalités françaises se sont faits l’écho de Reporters sans frontières. Le groupe de musique Indochine a ainsi suivi la prise de position du boxeur Fabrice Tiozzo et du cinéaste Jean-Jacques Beneix.
Nicola Sirkis : « C’est pour moi insupportable. Le message de Coubertin de pacifisme, de solidarité entre peuples et nations, a été galvaudé aujourd’hui. » (Le Post, 14 mai 2008)
Pour soutenir Reporter sans frontières, Indochine avait enregistré une nouvelle version de You Spin Me Round (Like a Record), la chanson du groupe Dead or Alive. Puis il l’a mis en téléchargement sur le site de l’association, moyennant un don.
« Je me suis dit que ce serait une bonne idée de faire un contre hymne, une chanson qui puisse circuler sous le manteau. En anglais parce que c’est un message international. […] Avec la musique, le message passe plus facilement et ne peut qu’améliorer les choses ou au moins faire prendre conscience de la situation aux gens. On va voir si ça va arriver jusque là-bas aux J.O. On va voir si des athlètes danseront dessus. C’est une façon cachée d’arriver au milieu du pouvoir. » (Le Post, 14 mai 2008)
Si le débat « Faut-il oui ou non boycotter les J.O. chinois ?» a bien eu lieu en France et dans le reste du monde grâce à Indochine et Reporters sans frontières notamment, leurs actions n’ont pas eu d’impact sur les instances chinoises. Les Jeux Olympiques de 2008 se sont déroulés comme prévu : sans les journalistes potentiellement gênants pour le pouvoir en place et pendant que les manifestations tibétaines étaient brutalement réprimées. La communauté internationale, elle, profitait aveuglément du spectacle en s’auto-congratulant devant la beauté des Jeux. Consternant.
S.L.
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