Artiste de l’ombre, Joseph Chedid s’est forgé sa vocation en écoutant son père et son frère rassembler des milliers de fans. Ce lançant en 2015 sous le pseudo Selim, il nous revient après un album familial et quelques collaborations fructueuses dont une très remarquée pour l’album de sa sœur Nach. « Source » premier album sous son vrai nom rassemble des compositions très chedidiennes tout en imposant une vision propre lui donnant une place à part dans l’arbre généalogique de cette famille d’artiste hors norme. 

Portant la poésie nonchalante de son père (Louis) et la voix haut perchée de son frère (Mathieu) , le français nous enivre dès « Bande Originale » , premier titre de cet album, dans une variété française puissante et enveloppante dominée par une électro feutrée. Tout en nuance, il dessine une pop à la douceur éclatante qui n’en fini pas de nous rester en tête. Montant progressivement en puissance ce premier titre tire son essence d’une variété ronde et mélodique très 80’s dans l’approche.

Il y a chez Joseph Chedid cet amour d’une pop à l’électro douce et nuancée qui s’exprime dans chacune de ses compositions. De sa voix frêle, il joue le funambule sur des morceaux à l’instrumentation maîtrisée. Le français ne cesse de nous entraîner dans une musique simple et répétitive qui vite nous enveloppe de son approche douce et oisive. On retrouve avec bonheur ce qui fait le sel de cette famille de musicien. Avec délicatesse Joseph transforme une pop electro en une caresse musicale frissonnante jouant les acrobates entre rock fleuri et pop éthérée. Terminant un titre comme « Guérir » sur une note beaucoup plus rock, il s’affirme en instrumentiste proteiforme.  

Voix fluette aux harmonies fragiles, pop easy listening, la première partie de l’album peine à imposer le français. Joseph Chedid est l’antithèse du chanteur à voix. Utilisant avec intelligence les défauts de sa voix il en fait un instrument indissociable de son univers. Les compositions sont unique de part cette approche pleine et entière ne cachant rien. À une époque où nombre d’artistes font appels à l’auto tune, Joseph Chedid à l’instar d’un Delerm des premiers temps assume totalement sa voix unique et en fait un élément de sa puissance qui nous emporte dans un univers à la fragilité hypnotisante « Lumière » .

C’est à partir des titres « Bipolaire » ou « Crois ton doute » que l’album marque véritablement un tournant. L’avant dernier de la famille Chedid ose enfin aller dans une pop audacieuse mélant rock et pop dans un tout extrêmement addictif. Là où le démarrage semblait un peu lisse, il apparaît cette fois ci plus rugueux et puissant dans son approche. Beaucoup plus personnalisée cette deuxième partie d’album figure un Joseph Chedid un peu transgressif et loin d’une pop lisse. 

Capable de fantaisies pop à l’image de titre au funky très présent, Joseph Chedid n’est pas l’homme d’un univers mais bel et bien un artiste entier capable de sauter d’un univers à l’autre sans perdre une cohérence pop.  Dans des textes travaillés, le 3ème de la fratrie Chedid travaille chacune de ses compositions avec un soin pour les rythmique et les claviers. Le résultat est une suite de compositions à la pop éclairante dans lesquelles Joseph apporte sa délicatesse et son sens du show musical. N’hésitant pas à l’instar de son frère à théatraliser sa musique, Joseph Chedid réussit à trouver sa voie et sa place dans dans une famille d’artiste écrasante de talents. 

Arnaud Le Tillau
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