/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 25-02-14

Franck Monnet – « Waimarama »

Huit années, c’est ce qu’il aura fallu à Franck Monnet pour nous revenir aussi discret qu’il était parti. Troquant sa vie parisienne pour s’installer en Nouvelle-Zélande, le parolier d’artistes établis tels Claire Diterzi ou Vanessa Paradis, y a trouvé l’inspiration que sa vie trépidante ne lui apportait plus. Retranscrivant dans ce « Waimarama » son bonheur de vivre, sa joie d’être père, il nous touche et nous émeut au travers d’une pop toujours aussi ciselée et dépouillée.

Doucement acoustique dès « Anorak », Franck Monnet débute son album sur un titre simple et léger. Poétique sans être lourd, il déroule sa rêverie au son d’un arpège de guitare qui lentement nous emporte dans un univers attachant et enfantin. Tendre et légère, sa voix se marie parfaitement à cet arrangement mélodique et apaisé qui respire une grande sérénité.

Il y a toujours chez Franck Monnet ce côté enfantin et cette douce mélancolie sans froufrou toujours juste rappelant beaucoup ses consorts Alain Souchon ou JP Nataf sur des titres comme « Différent » ou « Quelqu’un ». En effet, le français n’use pas de subterfuge dans sa musique, seulement une simplicité à toute épreuve presque cristalline qui de suite nous touche dans sa nudité. Égrenant chacune de ses notes au vent d’une mélodie tournante et pleine d’une candeur touchante, la poésie du français se glisse à merveille dans cet écrin pop qu’il tisse autour de chacune de ses compositions.

Album éminemment personnel, « Waimarama » aborde au travers de titres comme « Paris » ou « Sans John » sa vie d’avant. Passé qu’il ne semble regretter pour rien au monde. Apaisé, serein, le français semble renaître dans l’hémisphère sud. Rebondissant à chaque phrase, il déroule sa pop économe sublimant chaque vers d’une trouvaille sonore qui immédiatement se fond dans la masse rendant le tout pétillant. Il y a chez le français ce sens inné de la mélodie et du montage sonore minimal capable de supporter une mélodie travaillée et vite addictive. Pas étonnant donc d’apprendre qu’Edith Fambuena est aux manettes.

Mélodiquement impressionnant, usant de tour et détour pour nous servir une pop fragile prête à casser, le Manceau s’entoure de Camélia Jordana sur le magnifique « Plus rien à me mettre » auquel la voix douce et ronde apporte une simplicité musicale qui fait ressortir la poésie de l’exilé et confirme le côté chaleureux de cette musique.

Pourtant progressivement on ressent comme un voile sombre qui semble draper doucement ce bonheur simple. En effet, plus complexe et torturé « Les Faons » fait ressortir une blessure et répond au désarroi emplissant le français à la mort de Lhasa. Superbe, délicat, le texte du français emplit cette musique d’une magie sans nom qu’il réussit à nous transmettre admirablement. Chose que l’on retrouve sur « Waimarama » dernier titre bouclant un album en forme de renaissance.

Le Français semble avoir trouver dans ce coin d’île, éloigné d’une agitation parisienne, en retrait de la civilisation métropolitaine, un second souffle, une nouvelle façon de composer plus tranquille. Album en forme de bilan et de renaissance, de prise de conscience, de sérénité retrouvée ou découverte, Franck Monnet se reconstruit et se ressource en nous offrant des titres haut de gamme ciselés tant au niveau des textes poétiques et profonds qu’au niveau d’une musique pop minimaliste sans être nue. Taillées dans un vent léger, une sorte de brise simple et rafraîchissante, les chansons du français nous caressent l’oreille.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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