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Date d'ajout : 16-03-12

Alain Baschung devient Alain Bashung

Alain Bashung - Quai Baco

Alain Bashung, de son vrai nom Alain Baschung, naît le 1er décembre 1947.

Sa mère d’origine bretonne est ouvrière dans une usine de caoutchouc à Boulogne-Billancourt. Alain ne connaîtra pas son père algérien.

« Mon père est l’une de mes zones d’ombre. Il y a longtemps, on m’a parlé d’un père Kabyle. Je n’en sais pas plus. » (bashung.ifrance.com, 1998)

Sa mère se remarie à Roger Baschung, un boulanger travailleur de nuit.

« Il se levait à 11 heures et demie le soir pour bosser, dormait l’après-midi. Ma mère était ouvrière à Boulogne-Billancourt, elle fabriquait des accessoires de caoutchouc pour les voitures. Ils habitaient Paris dans un petit meublé. Ils ne côtoyaient que des ouvriers et des travailleurs. C’était comme dans les films avec Gabin, les mêmes personnages, des blagues assez lourdes, le prof de français qui vendait L’Huma le dimanche, avec Pif le chien. Ils ne se sentaient pas seuls, il y avait le syndicat, le Parti communiste. Pas indignes, plutôt fiers. Ça n’allait pas jusqu’à la fantaisie, mais il n’y avait pas de personnes isolées. » (Le monde, 26/08/05)

Une enfance dans l’Alsace conservatrice

Alain est de santé fragile et ses parents, aux revenus modestes, décident de l’envoyer en 1948 chez ses grand-parents. Il a un an et grandit dans la campagne de Strasbourg, dans un milieu plutôt conservateur. Son enfance franco-allemande a un goût de solitude et de mélancolie.

« J’ai été élevé par des grands-parents adoptifs, les parents de mon père adoptif. Mais je ne le savais pas. On ne m’avait pas parlé d’un père qui n’était pas là. On me l’avait caché. Je l’ai appris plus tard, vers quatorze, quinze ans, et par quelqu’un d’extérieur à la famille. Ce que je vivais ne relevait pas des “Misérables”, pas du tout, mais je sentais un flou, le sentiment d’être gênant, de devoir quelque chose, d’être quelqu’un de passage. Je n’étais pas un des fils du village, voilà tout. » (Figaro Madame, 28/05/04)

A cinq ans, il découvre la musique grâce à l’harmonica, puis le chant à l’église en étant enfant de chœur à Wingersheim.

« J’ai reçu une éducation catholique, j’allais à la messe, j’étais enfant de chœur, avec l’aube blanche, tout ça. Cela ne me convenait pas du tout. Ils nous inculquaient tellement le fait de croire qu’à chaque demi-seconde de doute je culpabilisais. Je me disais que la croyance est une chose très intime, l’église c’est autre chose. » (Le monde, 26/08/05)

Alain vit dans une famille austère, c’est un enfant sérieux et mélancolique à l’école. Mais il aime aussi les sports. Il excelle par exemple au basket et en cyclisme. Le petit Alain a d’autres rêves comme devenir aviateur ou pilote d’essai. Il passe beaucoup de temps à construire des maquettes avec de vulgaires bouts de bois.

Sa grand-mère écoute les compositeurs allemands. C’est son premier rapport avec la musique.

« Ma grand-mère ne parlait pas le français mais l’alsacien. On écoutait du classique – Wagner, Strauss, Kurt Weill… – et de la variété allemande. » (Figaro Madame, 28/05/04)

L’arrivée du rock’n’roll

En 1959, à l’âge de 12 ans, Alain revient vivre chez sa mère à Boulogne-Billancourt. Il découvre à la radio les grands chanteurs de l ‘époque, Ferré, Gainsbourg et Brassens, mais aussi le rock américain avec Gene Vincent qui devient son idole.

« Un jour, ma grand-mère est entrée dans la salle à manger en hurlant : « Ils ont inventé le rock’n’roll ! » C’était la bombe atomique, la première fois qu’on s’adressait directement aux jeunes. J’allais à Düsseldorf ou à Cologne, on trouvait beaucoup d’imports dans les bacs des disquaires. Aux États-Unis, c’était déjà la mort du rock, les stars étaient sur le déclin. Elles continuaient leur carrière en Europe où il y avait des fans, ceux qui lisaient Rock & Folk ou Disco Revue. J’ai racheté tous les disques de Gene Vincent en CD. Je ne peux plus les écouter tellement c’est douloureux. Ou une fois tous les six mois, quand je me sens fort. Avec Gene Vincent, c’était la première fois que je sentais que quelqu’un, Dieu peut-être, s’intéressait à moi. » (Le monde, 26/08/05)

Outre Gene Vincent, Alain a ses préférés comme Buddy Holly et Elvis Presley.

En 1961, Alain joue pour la première fois devant un auditoire, en simple amateur.

« Je devais avoir 13 ou 14 ans, je jouais dans le cadre d’une fête Renault à Mennesy, où le batteur travaillait à l’usine. On faisait des reprises des Spoutniks sur un petit ampli. C’était un après-midi, sous le cagnard, avec le Ricard qui tournait. Il y avait aussi Anne Sylvestre, et puis Bobby Lapointe avec un pianiste : il se dandinait d’un pied sur l’autre. Personne ne suivait vraiment. » (Libé, 23/06/05)

Sexe, drogue et rock’n’roll

Alain poursuit ses études et obtient un BTS de comptabilité en 1965, à l’école nationale de commerce de Boulogne.

Puis Alain connaît une période délicate où la drogue pallie à peine le manque d’argent. Il se cherche, à en crever, au travers de la musique et des substances illicites.

Il ne peut assouvir sa passion, faute d’argent pour se rendre aux concerts ou acheter des disques.

« Jeune, je n’avais pas assez d’argent pour aller au spectacle, et puis je vivais dans un village, sans music-hall. Mes premiers concerts en tant que spectateur, c’est venu plus tard : Hugues Aufray à l’Olympia, vers mes 16-17 ans. Avec Marianne Faithfull en première partie, pieds nus, accompagnée d’un guitariste. Il y a aussi eu Gene Vincent à la Mutualité. » (Libé, 23/06/05)

Si la musique ne vient pas à lui, il ira à la musique. Il fonde ainsi un groupe blue-grass avec son cousin Mike Larie. « Les Dunces » (traduction : les cancres) commence par jouer dans les bases militaires d’Allemagne avant de multiplier les apparitions dans les restaurants et les hôtels du coin.

Dans les années 1965, Alain se voit offrir une guitare, une Lucky 7.

« Je ne connaissais tellement rien que j’ai branchée ma première guitare directement sur le secteur et elle a explosé. Je ne savais pas qu’il fallait un ampli… » (Nouvel Obs, 24/10/02)

Alain apprend vite, sur le terrain. Il joue pendant 3 mois au Régalty de Royan, puis à Méribel pour l’hiver avant d’enchaîner des tournées dans les bases américaines du Shape.

C’est le début de carrière d’Alain, encore inconnu du grand public, jusqu’au jour où, en 1966, il rencontre le chanteur Noël Deschamps qui compose pour lui le titre « Oh la Hey (Juste quelques mots) ».

Alain et son nouveau titre passe en boucle au Club Pierre Charron. Il change de nom pour sonner moins germanique. Alain Baschung, devenu Bashung, enregistre à 19 ans son premier 45 tours, « Pourquoi rêvez vous des États-Unis ».


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