Échappée de Dan San où elle officiait au clavier, Léticia Collet se lance en solo dans un side project intitulé Condore. Vaporeuse et délicate dans son jeu, la jeune liégeoise nous enivre d’une mélancolie sans fard pour un premier EP « Jaws » dessinant  une musique aux constructions douces et tendres. Au travers de ces 4 titres, elle nous délecte de son univers somptueux et léger.

S’ouvrant sur une pièce au classique revisité, ce « Lootus » nous caresse de ses bonnes ondes. Piano seul, Condore dessine une musique extrêmement délicate et douce qu’elle transforme en une composition pop gracieuse au travers d’une voix pleine d’un effet granuleux. On se plonge la tête la première dans cette musique pleine et entière qui progressivement s’enrichit de nouvelles sonorités toutes plus rondes les unes que les autres. Rappelant brièvement Cocorosie, ce premier titre se charge d’émotion dans une pop naviguant entre effets lo-fi et instrumentation soignée. Brillante dans son approche, la musique de Condore cultive un amour de la sobriété dans un écrin où chaque sonorité nous emporte dans un rendu exceptionnel de qualité.

On retrouve sur « Boring » (qui est loin de l’être) cette voix qui habille d’un rien une composition où la sobriété l’emporte sur une construction tout simple. On découvre dans cette musique pop la puissance d’une Elisapie, l’approche si délicate d’une femme à la pop ancrée. On est comme immergé par ces parties piano qui sous des volutes extrêmement bien agencés nous remuent par un mélodisme qui ne cesse de nous emporter. Ce titre est une vague que l’on se prend en pleine figure, frappant puis douce la musique de Condore dessine une pop extrêmement fine et puissante qui nous transporte dans un tourbillon d’émotion.

On est touché par cette musique à la limite de la ritournelle qui nous emporte dans cette part d’enfance que l’on garde tous en nous. Avec un sens magnifique de la composition, Condore dessine des titres simples et attirants comportant peu d’effet mais réussissant par ses mélodies et son approche sobre et simple à nous faire chavirer. À chaque mesure la française nous emporte dans son univers unique où la sobriété et les mélodies règnent en maitre. On se laisse porter par ce souffle qui n’en fini pas de nous émouvoir. Tout chez Condore nous fait ressentir la puissance des sentiments, la force des émotions.

Le piano et la voix sont les deux piliers de cet EP exigeant et à la sobriété enivrante qui progressivement nous emporte dans une douce mélopée d’où l’on ne sort pas indemne. Mêlant pop et folk dans un tout puissant aux mélodies étourdissantes, Condore dessine une musique rare et diablement enivrante. Avec un sens de la mesure et du rythme la liégeoise nous transporte dans une multitude d’émotion dont il est difficile de s’extraire. Il y a une douceur impressionnante dans ces morceaux qui ne cessent de marteler un piano et une voix avec un sens aiguë de la mélodie. On est comme transportés par cette lueur musicale qui ne cesse de nous coller à la peau. 

Arnaud Le Tillau
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