Attention ces deux garçons sont fous ! Connan Mockasin, néo-zélandais et talentueux compositeur de pop psychédélique, et l’anglais Sam Dust, connu comme membre éminent de Late of The Pier et plus récemment en solo sous le nom de LA Priest, ont décidé de faire un bout de route ensemble sous le nom de « Soft Hair ». Le résultat est au dessus des espérances. Libre, talentueuse, audacieuse et vite addictive, la musique de ce premier album apparaît comme évidente et fondatrice d’un nouveau style. 

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Bizarre, c’est le terme qui nous vient immédiatement à l’écoute de « Relaxed Lizard », premier titre de cet ovni pop. Sur une musique douce et engoncée dans un beat animal et feutré, Soft Hair pose un duo de voix des plus androgynes avec un naturel désarmant. Multipliant les effets vocaux, ils dessinent une pop improbable mélange de MGMT et de variété anglaise. A grand renfort de synthétiseurs et de boîtes à rythme, le duo s’amuse à multiplier les expériences avec une audace folle.

A l’image du titre « Alive », le duo se place en véritable pourfendeur d’une pop extrême et superbement déconstruite. Rien chez Soft Hair ne respire la tradition. Tout semble nouveau et c’est sur un socle extrêmement mouvant qu’ils bâtissent leur univers fou et décalé. Jouant sur les harmonies ambitieuses, ils s’attellent à multiplier les expériences sonores comme autant de brouillon qui engendreront un chef d’œuvre musical à nulle autre pareil.

Bluffants d’audace sur un « Jealous Lies » à l’électro foutraque, ils dessinent avec bonheur les contours d’une nouvelle pop, d’une musique aux sonorités aseptisés mais à la liberté folle. Creusant une approche unique, ils semblent prêts à franchir toutes les frontières avec une inconscience qui apparaît vite géniale. Chez Soft Hair, tous les codes volent en éclat pour mieux être réinterprétés à leur façon. L’antique couplet/refrain/couplet/pont/refrain part en déconfiture. Avec un sens inné du groove, le duo déconstruit méthodiquement une musique pop aux accents ensoleillés.

Terriblement en phase avec cette société allant toujours plus vite, toujours plus haut, ils nous proposent une pop aux contours flou et complexes qui semble ne jamais finir. À la fois gracieuse et sale, synthétique et humaine, la musique de Soft Hair croise les extrêmes pour mieux les apprivoiser. Ils nous projettent aussi bien dans une pop riche et synthétique voire inquiétante (« i.v. ») que dans une électro minimaliste avec toujours cette même assurance, cette même approche toujours plus barrée.

Impressionnants d’audace et de folie comme l’était Pink Floyd il y a quelques décennies, les deux garçons en deviennent vertigineux de talent. Ne s’interdisant aucune approche, ils nous concoctent une musique venant d’un ailleurs lointain mais toujours aux frontières d’une pop mélodique. S’invitant aussi bien dans le conformisme pop que dans l’expérimentation ils détonnent sur la scène internationale. Soft Hair apparaît en avance sur son temps nous proposant une pop au futurisme très convaincant. Nous immergeant dans une musique à l’enveloppe granuleuse, le duo réussit à jouer une partition nous faisant sortir de notre espace de confort le temps d’un album.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com