Génération Goldman – « Génération Goldman »
Génération Goldman à peine sortie, l’album cartonne au sommet des ventes sur iTunes. Les plus grands titres de JJG chantés par les artistes de la nouvelle génération, mais que vaut vraiment cet album ?
« L’intention de rendre hommage est louable, mais elle n’excuse pas tout. » Tel pourrait-être la maxime pour résumer ce « Génération Goldman », compilation censée remettre au goût du jour les chansons de notre Jean-Jacques national.
Revenons rapidement sur le casting. Comme le dit l’éditeur, c’est la jeune génération qui s’y colle. Mais point de Charles-Baptiste, Cocoon, Revolver, Coeur de pirate… Au menu ici : la fine fleur des artistes « My major company » (Baptiste Giabiconi, Irma, Ivyrise, Judith, Dumé…), usine de production à la chaîne d’artistes formatés pour les NRJ music Awards (pas de chance, le moule initial était celui de Grégoire), mais aussi la crème de « Danse avec les stars » (Shy’m, M.Pokora, Amel Bent), l’émission des chanteurs qui dansent mieux qu’ils ne chantent, le tout saupoudré d’un peu de vieilles comédies musicales (Merwan Rim, Florent Mothe, Emmanuel Moire). Bref, un feu d’artifices de saveurs qui met l’eau à la bouche.
Le répertoire abordé balaie bien la carrière de JJG. On retrouve les tubes « Je te donne », « Au bout de mes rêves » aux côtés de titres moins connus comme « Pas l’indifférence » ou « Veiller tard ». Des choix plutôt judicieux. On ne peut pas en dire autant des interprétations et des arrangements. Il faut l’avouer, on a tous été un jour ou l’autre fan de Goldman, mais quand l’autoradio tombe par hasard sur Nostalgie, on constate que les arrangements originaux sentent bon le kitsch des années 80. On se dit que cette compilation-hommage est l’occasion de relifter ses tubes indémodables. Et bien non, bien au contraire. Les grosses reverbs de caverne un peu baveuses et les solos de saxophone des versions originales ne sont certes plus là, mais on retrouve maintenant des autotunes à la pelle permettant à tout ce petit monde de chanter quasiment juste. Tal et M.Pokora sur le single « Envole-moi » en profitent largement et Mat se permet même quelques petits impros façon « yeeah yeah, ouh ouh » qui, à coup sûr, vous feront sourire.
La bonne humeur est donc au rendez-vous sur ce bel hommage, avec aussi de la dance façon Haddaway ou Ace of Base sur « Je marche seul » par Christophe Willem, et une version aquatique d’« Il suffira d’un signe » avec des sons rigolos de bubulles (peut-être un sample de Bubble Bobble sur iPhone). Tout ça, c’est pour la catégorie de chansons dites « dynamiques », taillées pour les samedis soirs de la discothèque « Le blue night », sortie 12 du périphérique, à 12min direction « zone industrielle ». Emile et Image n’a qu’à bien se tenir.
Arrivent les chansons émouvantes. Là où un peu de subtilité et de nuances auraient été appropriées pour ne pas tomber dans le cliché et la niaiserie, Amel Bent et Shy’m, respectivement sur « Comme toi » et « Veiller tard », enfoncent des portes ouvertes avec une facilité déconcertante et ne laissent rien passer : vibes dans la voix, piano minimaliste, paroles susurrées, voix cassée, cordes et envolées lyriques sauce R’n’B. En grandes professionnelles de la soupe FM, aucun doute, elles assurent et ne laissent aucun détail au hasard.
Baptiste Giabiconi, le chanteur-mannequin corse nous fais aussi verser une petite larme sur « Là-bas ». Pour ma part, j’ai même saigné du nez quand il est monté dans les aigus. Il assure une prouesse vocale de haut-vol en arrivant à soupirer tout en chantant. Dommage que l’émotion qui existait dans la version originale de la chanson ait disparue car c’est maintenant bien fade et sans saveur. C’est d’ailleurs le parti-pris artistique de tout cet album. Faire de toutes ses mélodies inoubliables un magma sans goût et sans relief était un exercice difficile. Le pari est gagné haut-la-main. Leslie semble s’ennuyer comme jamais lorqu’elle chante « Je te donne » avec les fameux Ivyrise, internationalement inconnus pour avoir fait la première partie de Bon Jovi. La version Worlds Apart n’était finalement pas si mal…
« On ira » semble joué au ralenti et le duo Florent Mothe / Judith ne parvient pas à faite démarrer le morceau. Corneille, pourtant à son avantage vocalement, fait de son mieux pour faire décoller le mollasson « Quand tu danses ».
N’oublions pas la fameuse chanson collégiale « Famille » et son fabuleux clip qui l’accompagne, destinée à être le single. Une espèce de « Chanson des enfoirés » de ligue 2, avec une équipe de remplaçants qui s’amuse à jouer aux grandes personnes. Un « We are the world » dégoulinant de bons sentiments et de guimauves musicales.
Musicalement, tout cela est porté par des arrangements qui semblent sortis tout droit des samples de Garage Band catégorie europop où la spontanéité musicale n’a laissée sa place qu’à quelques plugins informatiques à la froideur millimétrée.
Seule Zaz parvient à apporter un peu de chaleur et de finesse sur « Pas l’indifférence », tout comme Irma (en duo avec Zaz) sur « Let’s talk about love » (version duo de la chanson « Puisque tu pars »). Sans aucun doute la seule vraie réussite de l’album (c’est la dernière chanson, il faut tenir jusque là).
Que retenir de cet album ? Le côté positif, c’est que les chansons de Goldman sont vraiment bonnes et traversent les années sans trop prendre de rides. Le point noir, c’est le choix des chanteurs, qui n’ont pas les qualités des morceaux qu’ils interprètent. Ceci dit, ils ne sont pas aidés par les choix musicaux façon My Major Company, sorte de grossiste en singles pseudo-musicaux pour supermarchés. My major company, c’est un peu comme la « marque-repère » chez Leclerc : parfois on ne voit pas la différence avec le vrai produit, et d’autres fois c’est immangeable et on retourne au produit d’origine. Laissez tomber cette compil et allez acheter du vrai Goldman.
Retrouvez la chronique de « Génération Goldman : Volume 2 »
Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com
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