Forte personnalité, ayant écumée l’underground de Montréal pendant des années, ce n’est que récemment que Samuele a pu obtenir la reconnaissance mainte fois repoussée. Demi finaliste des Francouvertes 2015 puis Grand Prix du Festival international de la chanson de Granby, elle peut enfin financer son premier album intitulé « Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent ». Militante de premier ordre, féministe assumée, Samuele joue de sa poésie brute et crue pour mieux nous sensibiliser à ses combats dans une folk-rock de toute beauté. 

Revendicateur, écorché et granuleux, le rock de la québécoise déploie une approche féministe assumée superbement mis en lumière par un premier titre puissant. Au travers d’un rythme au rock calme, Samuele dessine de sa voix et de sa présence incandescente un « La Sortie » mélodiquement au point. Abordant sans faux semblant la place des femmes dans une société encore trop souvent machiste, elle détonne et appuie là où cela fait mal avec un sens du détail qui force le respect.

Militante à la sincérité pleine et entière, Samuele ne pouvait pas démarrer cet album autrement que par une mise au point textuelle qui de suite dresse le décor de l’approche unique de la québécoise « Égalité de papier ». Avec Samuele le rock retrouve sa raison d’être. Dans une approche revendicatrice, elle utilise le rock comme support de ses idées pour mieux les défendre et les transmettre avec, ce qui ne gâche rien, un véritable don pour un rock lent et puissant.

On est ainsi scotchés de sa performance sur le très Rita Mitsouko « Cœur de tôle » où elle transforme un rock banal en une oeuvre d’art unique et frissonnante grâce à cette tessiture grandiloquente parfois à la limite d’un vulgaire salvateur dans un monde lisse et sans grain. Il y a une puissance folle dans l’approche de la québécoise qui fonctionne à merveille et nous met les poils dès que la machine s’emballe. Avec Samuele, rien n’est écrit d’avance, les titres semblent être une suite d’improvisations géniales et fulgurantes qu’elle réussit à chaque fois à relancer par une pirouette vocale dont elle seule a le secret.

Samuele se met à nue dans des compositions qui ne cessent de s’inventer avec un goût prononcé pour les pirouettes artistiques et les placements de voix complexes. La québécoise porte en elle cette revendication qui donne une âme folle à ces titres aux milles et unes digressions. Montant progressivement en puissance, elle ne laisse rien au hasard et réussit à chaque fois à imposer son tempo dans un rock dur et brutal intégrant cette part de féminité si essentielle.

Que l’on pense à Mademoiselle K sur « Cours toujours » ou Calexico sur « La Révolte », Samuele nous enivre de son empreinte folk et de sa puissance rock pour des composition diablement addictives. On est vite entrainé par cette approche sans chichi qu’elle nous propose dans ces titres engagés et engageants.

Brumeuse la musique de Samuele se délasse dans un rock sirupeux et mélodique. Lentement elle nous transmet son amour d’un rock aux envolées guitaristique granuleuses qui nous font vite frissonné dès les premiers accords.  Il y a chez la québécoise cette folie saine et enlevée qui donne à chaque composition ce goût unique. Montant progressivement en puissance, elle dynamite une chanson française dans un rock épidermique qui ne cesse de retourner l’instrumentation par une approche sans concession et tellement actuelle.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com