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Date d'ajout : 11-11-12

Johnny Hallyday – « L’attente »

Chronique Johnny Hallyday - Quai Baco

En sortant « L’attente », son 48ème album studio, Johnny Hallyday créé l’événement. Son disque mérite bien une imposante chronique à la démesure de ce monument de la chanson française. 

Le nouvel album de Johnny Hallyday est là, et « L’attente » n’aura jamais aussi bien portée son nom. Ce jeu de mot journalistique, vous allez le lire des dizaines de fois dans les jours qui viennent tant le déferlement médiatique autour de cette sortie est grand.

Pourtant, le précédent opus ne date que de 2011. Rappelez-vous de « Jamais seul », réalisé par Matthieu Chedid. Où bien était-ce un album de Matthieu Chedid avec la participation amicale de Johnny Hallyday ? Toujours est-il qu’entre le Terminator invulnérable des tournées pharaoniques et le Johnny « Paris Match » faisant la une de la presse people, on avait fini par se demander si notre idole n’avait pas été remplacée par des sosies sortis tout droit d’un reportage de W9. En tout cas, je peux vous l’affirmer, avec cet album, le vrai Johnny est de retour.

L’album, piste par piste

Johnny Hallyday - Quai BacoLe titre d’ouverture « L’attente » est assez représentatif de l’ambiance du disque. On perçoit un Johnny Hallyday mélancolique, la notion du temps qui passe y est omniprésente. Musicalement, c’est une ballade assez classique, mais dépouillée de tous les artifices qui peuvent nuire à son efficacité. Ici, quelques arpèges de guitares bien trouvés, des cordes discrètes, mais pas de choeurs de l’ex-Armée Rouge, de solos de guitar hero ou d’arrangements trop chargés, très présents dans les précédents albums. Et la voix est là !

Après cette mise en bouche de qualité, on attaque « Refaire l’histoire » et son riff rock sorti tout droit d’un inédit de Led Zeppelin, genre « Communication Breakdown ». Le son est brut, sans concession et on aime ça ! Malgré un refrain un peu faible, on est heureux de retrouver notre Johnny avec des riffs de guitare saignants, un excellent solo et des choeurs très réussis sur un pont musical rock à souhait. Pour sûr, le Monsieur sait s’entourer de la crème des musiciens !

Arrive « La femme aux cheveux longs », une ballade digne d’un film d’Enio Morricone. On ferme les yeux et on repense à Johnny en 1969 dans « Le spécialiste », où il campait un cowboy taciturne. Question paroles, la boxe est à l’honneur ces derniers temps. Après Raphael et son « Super Welter », c’est Hallyday qui monte sur le ring en faisant un parallèle entre chanteur et boxeur. Encore une fois, impossible de ne pas y voir une référence directe à sa vie. « Des coups », le rockeur en a encaissé durant sa longue carrière. C’est également le thème de « N’en vouloir à personne », une chanson « à la Kyo », avec qui Johnny a travaillé en 2005 sur « Ma religion dans son regard ».

« Un tableau de Hopper » fait immanquablement penser à d’autres ballades plus anciennes. Sur la partie finale, on à presque envie d’entonner « quelque chose de Tennessee » à la place des paroles « quelque chose de beau ». Tout en sobriété, c’est sans doute une des plus belles ballades de l’album.

Quelques bémols

Pas besoin de revenir sur « L’amour peut prendre froid », une sombre histoire de portière mal fermée en duo avec Céline Dion qui ressemble plus à un coup commercial entre Universal, TF1 et RTL qu’à une véritable chanson. Quant à « Devant toi », sans être aussi affligeante, la chanson reste trop formatée pour réellement convaincre.

Retour au rock avec « L’amour à mort ». Comme toujours quand Johnny chante le blues/rock, on est à la limite du cliché que ce soit dans les paroles (« courir après l’amuuuuur!« ) comme dans la musique (le riff batterie/guitare type AC/DC). Mais quand c’est bien fait, rien à redire. N’est-ce pas ce qu’on attend de Johnny Hallyday ? Je me surprends tout de même à rêver d’une improbable collaboration entre la puissance vocale de Johnny alliée à un rockeur des temps modernes façon Romain Humeau de Eiffel (ou même, soyons fou, à Jack White). Pour nous sortir du rock à papa traditionnel façon Lynyrd Skynyrd juste le temps d’un morceau …

Un album plus sobre

« Un nouveau jour », « 20 ans » et « A l’abri du monde » confirment la sobriété et l’efficacité de cet album. On y retrouve des ballades dépouillées, loin des arrangements trop chargés de ses compères de variété (Céline Dion en a fait les frais sur son dernier album). On pense parfois à un vieux lion fatigué et mélancolique qui entame son dernier tour de piste, surtout quand Johnny nous chante « quand on a plus 20 ans ». On regrette qu’aucune de ces nouvelles chansons n’aient été intégrées aux setlists des concerts de l’artiste. Un rappel avec « 20 ans », seul à la guitare, feraient dresser les poils de n’importe qui.

Même remarque pour le dernier morceau de cet album, « Prière pour un ami ». C’est très rock et sobre dans l’arrangement. On imagine Pete Townshend des Who à la guitare solo, les barbus de ZZ Top à la rythmique et Phil Rudd d’AC/DC à la batterie. Avec Johnny derrière le micro, on n’est pas loin du groupe blues/rock idéal. A quand des version live de cette chanson ? Certes, on aime les standards « Que je t’aime » ou « L’envie », mais cet album est l’occasion idéale d’arrêter les duos avec Obispo et un orchestre symphonique au Stade de France pour imaginer un Johnny sur un grand tabouret noir entouré de 4 musiciens dans un Olympia chauffé à blanc.

C’est d’ailleurs l’impression globale qui ressort de cet album : finie la démesure grand-guignolesque des précédents opus, retour aux basiques. Sans rien de très innovant, Johnny revient à du rock et des ballades très efficaces. Tout simplement. Que lui demander de plus ? Peut-être un retour à des concerts sans fard à l’image de cet album, simple et vrai. Alors Johnny, un Trabendo à 15 euros, ça te tente ?

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com 


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