Indochine – « 13 »
Pas simple de comprendre le succès d’Indochine. Depuis 1981, les frères Sirkis puis Nicola seul à partir de 1999 voguent à vue et produisent album sur album sans connaître réellement une baisse de popularité. Groupe atypique, à la new wave des débuts, les Français persistent et signent un 13ème opus intitulé sobrement « 13 » dans lequel le groupe continue de nous inonder de sa pop à la grandiloquence adolescente et au romantisme anachronique.
Il y a un côté régressif dans l’écoute d’un nouveau Indochine. Une approche adolescent retardé, un romantisme pastiche et vintage que Nicola Sirkis et Olivier Gérard (le compositeur) se plaisent à conserver dans chacune de leurs compositions. Nous proposant dès « Black Sky » une pop electro vintage, les Français continuent de nous inonder de cette musique sirupeuse à l’excès dont ils ont fait leur fond de commerce. Pourtant chez Indochine, difficile de mettre en perspective ce nouvel album avec le reste de la discographie tellement les opus depuis « Paradise » se ressemblent tous, tellement chaque titre porte un parfum Indochine mais n’arrive pas à se démarquer de la masse.
Personnage de roman à lui tout seul Nicola Sirkis a su construire autour de sa personne une fascination empreinte de dérision et de véritable gloire. Indochine fait parti de ces groupes pour lesquels un nouvel album est surtout une bonne raison de lancer la machine événement et pour lequel on vient au concert plus pour entendre « L’aventurier » que leur dernier titre. Dans une approche méthodique et vite répétitive, Indochine fait du Indochine sans se casser la tête, usant toujours de planants synthétiques à ne plus en savoir quoi faire. Pourtant ce « 13 » apparaît beaucoup plus politique que ses prédécesseurs .
Ainsi à l’image de « Trump le Monde » ou « Un été français », Indochine fustige les extrêmes qu’ils soient français ou américains dans une boulimie de claviers aux mélodies parfois bancales mais toujours touchantes ou entraînantes. On retrouve dans la musique d’Indochine ce qui a fait de tout temps leur succès : une atmosphère noire et boum boum autour de synthétiseurs très 80’s qui poussent au grandiloquent le chant d’un Nicolas Sirkis en forme de gourou populaire et bienveillant. Indochine à l’instar d’une Mylène Farmer fait de la musique de stade à la chaîne. Ronronnant un peu trop, la musique du groupe se laisse une de fois de plus happer par la tyrannie commerciale qui lui préfère cette musique consommable à une audace quelconque.
Traversée de fulgurances à l’image du très beau « La vie est belle » (composé par Mickey 3D), ce nouvel album s’inscrit dans la longue tradition du groupe mélangeant musique easy listening, textes simpliste et percutants, approche touchante, populaire et sincère. Car on dira ce que l’on voudra de cette musique mais force est de constater que Nicola Sirkis y met ses tripes sans aucun calcul.
Dans une ambiance apocalyptique de pacotille la troupe de Nicola Sirkis fait ce qu’elle sait le mieux faire, une musique année 80 portée par une technologie actuelle. Là où certains artistes s’inspirent de ces années pour créer une musique à la mode, Indochine continue son bonhomme de chemin. Véritables dinosaures à l’air des artistes jetables, Indochine à su perdurer grâce à une musique uniformes et sans grandes énergie mais aux mélodies touchantes et entraînantes. Sur ce « 13 », tous les titres se ressemblent et l’on se perd vite dans une musique où la grandiloquence inonde tout. Bref, Indochine trace sa route commerciale.
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com
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