Trio suédois formés en 1990, Junip s’est remis au travail et nous présente « Junip » le bien nommé. C’est donc après 3 longues années de silence que nous reviennent la bande à José Gonzalez au travers d’une musique folk teintée d’expérimentation.

C’est par un magnifique titre que Junip débute cet album. En effet, « Line of Fire » cumule beaucoup de bons points. Au travers d’un arrangement au cordeau très maîtrisé, Junip nous offre une folk lumineuse et puissante. Réussissant une véritable montée en puissance le titre n’abuse pas des sons mielleux qui sont légions dans ce type de morceau, mais réussit via une instrumentation fine et lente à nous emporter dans un univers folk à tomber.

A l’écoute de ce premier titre, il est facile de penser que l’album sera de la même teneur. Que nenni, les suédois ont décidé de nous surprendre. Dès « Suddenly » on ressent ce changement de style. L’électro fait son entrée via un son vintage de clavier. Mélangeant sur ce titre ambiant au son lourd et folk ciselée, les Suédois nous entrainent dans un univers à mille lieux du premier titre. Intrumentation exigeante et innovante, le morceau semble perdre au fur et à mesure de son ressort pour nous laisser un arrière goût fade en bouche et nous rappelant plus les musiques d’ascenseur de Nature et Découverte que la folk ciselée et instrumentale du début.

Entre pop et jazz le groupe semble se chercher. Réussissant sur plusieurs titre à se créer une sorte d’identité nettement reconnaissable.

Ainsi « So Clear » débutant sur une introduction fine et complexe rappelant les morceaux du jazzman Herbie Hancock, le morceau glisse progressivement dans une country illuminée et inondée d’électronique. Utilisant à foison la matière électronique, Junip construit un titre bancal à mi chemin entre électro pop et jazz nous rappelant certaines fois, par son côté intuitif, les fulgurances extatiques d’un Kurt Vile.

De la même façon, « Your Life Your Call » ou « Vilain » nous confirment l’aisance des suédois dans ce style mélangeant plusieurs genres mais toujours de façon maîtrisée et complète.

Cependant, on ressent rapidement comme un certain malaise. Devenant de plus en plus électro au fur et à mesure de l’écoute, on découvre que les aspérités qui faisaient la chaleur des premiers titres s’effacent au profit d’une pop plus lisse et universelle.

C’est ainsi que dès « Walking Lightly », l’album prend une nouvelle dimension. Entre pop tribale et sons ethnique très typée 80’s, Junip nous sert une musique sans réelle accroche ni grande vibration. Malgré quelques bonnes idées le titre reste répétitif et semble fade et insipide.

A part une exception folk « Beginnings » de très bonne facture, le reste de l’album nous laisse clairement sur notre fin, Junip nous servant des titres nous laissant rapidement indifférents « Head First » ou même nous énervant par leurs structures répétitives et anti mélodiques « Baton« .

Innovant pour certains, ce nouvel album de Junip reste une grande déception pour ma part. Au travers de titres tous plus bancals les uns que les autres le groupe nous sert un LP loin des grandes espérances qu’avaient soulevées leur premier single. Messieurs s’il vous plait, faites de la folk !

Arnaud Le Tillau
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