Peu d’artistes peuvent se permettre de commencer leur album pop rock par un titre de 9 min. Kurt Vile en fait partie. L’américain chevelu nous revient avec son tout nouvel album « Wakin On a Pretty Daze » plus impressionnant que jamais.

L’américain ouvre son album avec le titre phare éponyme « Wakin On a Pretty Daze » qui sert de bande son dans son clip à la réalisation de la pochette. De suite l’ambiance est donnée. Au travers d’une pop électro acoustique et mélodique à souhait l’originaire de Philadelphie trace sa route flegmatique et nonchalante. Multipliant les parties solos et chantées, il nous enivre de sa mélodie tournante. Rappelant grandement la spontanéité des album de Neil Young, l’américain nous livre 9 minutes à tomber.

Difficile d’enchaîner après un tel morceau, et pourtant Kurt delivre plusieurs tubes toujours dans cette même veine. Peut-être un peu plus 90’s, « KV Crimes » rappelle le très bon son des Smashing Pumpkins entre background lourd, épais et mélodies raffinées. Jouant beaucoup sur les arpèges de guitares, l’américain réalise une musique chaude et imparfaite qui pour d’autres artistes pourrait être rédhibitoire mais qui dans le contexte fonctionne parfaitement, voire ajoute à la stature du garçon.

Artiste grandement indépendant, Kurt Vile ne s’embarrasse pas des codes temporels des standards FM actuels. À l’image d’un Neil Young, Kurt insuffle au sein de sa musique une dose impressionnante de spontanéité et de liberté. Sans concession aucune, l’americain roule sa bosse au sein d’une musique robuste et simple d’abord.

Très américain dans son approche globale de la musique, Kurt enchaîne les titres aux structures longues et alambiquées mais paradoxalement simples et brutes en terme de sonorité.

Il y a chez Kurt une fougue hors du commun qui fait de chaque titre un véritable moment unique. Ainsi au travers d’un titre comme « Nevers Run Away« , lumineux et aux relents grunge, l’americain pose sa voix tranquille et hypnotisante sur une composition sonnant comme un joyeux bordel où s’égayent nombre d’instruments dans une totale liberté. En bref, addictif et génial.

Malgré une fin d’album un peu en deçà où à travers des titres comme « Pure Pain » ou « Too Hard » l’américain se perd dans une pop rock sirupeuse et un poil dégoulinante manquant grandement d’énergie, on retrouve tout de même quelques belles pépites telles « Shame chambre », entraînant sans être dansant, nuancé sans être transparent le titre impressionne, ou « Snowflakes are dancing » magnifiquement conçue.

Vous l’aurez compris « Wakin On a Pretty Daze » est une véritable bouffée d’oxygène dans le monde pop rock trop souvent aseptisé et standardisé. Au travers d’une musique spontanée, instinctive et rugueuse Kurt Vile nous délivre un album d’une réelle intensité et d’une maturité qui n’est plus à démontrer.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com