/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 25-03-14

Kyo – « L’équilibre »

Envie subite de regarder l’intégrale de « Buffy contre les vampires »? Besoin pressant d’une partie de serpent sur votre Nokia 3310? Voir même pour les plus rebelles, la tentation de ressortir ses CDs de Linkin Park? Ça, c’est l’effet « L’équilibre », le nouvel album de Kyo, ou comment retourner dans les années 2000 en un éclair.

L’effet et saisissant. Dès les premières mesures de « Poupées Russes » on se retrouve propulsé dix ans auparavant, à l’époque ou Kyo étaient considérés comme les dignes successeurs de Téléphone ou de Noir Désir, et où les « LOL » et « MDR » n’existaient donc pas. La musique, la voix, les textes : comme Louis de Funès sortant de son glaçon dans « Hibernatus », rien à bouger. Alors fallait-il vraiment décongeler Kyo?

Comme au bon vieux temps, le quatuor déploie ses refrains accrocheurs sur un arpège de guitare électrique constitué de 3 notes, allant même jusqu’à utiliser 4 cordes sur les 6 disponibles. Une prouesse technique qui n’est rien à côté de l’exploit du chanteur Benoît Poher. « Ne mets pas tes mains sur la porte: tu risques de te faire pincer très fort » avait prévenu le lapin RATP. Raté. La voix du leader est en permanence crispée, plaintive, et on souffre avec lui. La faute aux 2438 ruptures amoureuses qui jalonnent la vie du groupe? Sûrement.

Car sur « L’équilibre », Kyo nous parle d’amour comme personne au travers de nombreuses comparaisons bien senties. « La vie est joueuse puisqu’elle sait compter les cartes, mais dans ma manche se cache un cinquième as ». C’est « Le Graal » et une métaphore filée sur le thème du jeu qu’on avait plus vu depuis Patrick Fiori. « L’amour est une drogue dure et chaque dose m’éloigne du vide » dans « Nuits blanches » : la dépression guette les membres du groupe et l’ambiance générale n’est décidément pas à la fête. Heureusement, sur le refrain de « Enfant du solstice » les influences électro/disco de Christophe Willem sont indéniables et l’on secoue la tête comme à la belle époque de « Tout envoyer en l’air ».

Kyo, ce sont les maîtres des accords Do/Sol/Lam et de la tierce, les Jedis de la « power ballade » pour RTL2 et les dinosaures survivants des boys bands. Une troupe de Saez en plastique qui manie les clichés comme personne et multiplie les hommages : « White Trash », est surement une parodie de « Seul et célibataire » des Fatals Picards (ou l’inverse), et les deux premières notes de « Les vents contraires » rappellent l’incontournable « Stairway to heaven » de Led Zeppelin. Dès la troisième, c’est vers Mickaël Miro que l’on se tourne plutôt.

« La route » conclue l’album en beauté avec une ballade piano/voix que n’aurait pas renié les rockeurs de Kaolin. Enfin la promesse électro annoncée est tenue.« Le Graal » avec sa basse « pouet-pouet » et sa guitare funky nous renvoie directement aux démos que le groupe Phoenix réalisait en CP/CE1, dans la classe de Madame Guibert. Un hommage émouvant.

Avec « L’équilibre », Kyo trouve le juste milieu. D’un côté de la balance, on verse une petite larme nostalgique façon Poppys, « Non, non, rien à changé », et de l’autre on sourit en se disant que les gaillards ont maintenant la trentaine passée et on apparemment gardé leurs âmes adolescentes, mais sans en garder la fraîcheur. C’est souvent le problème avec le surgelé.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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