/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 14-05-14

Philippe B – « Ornithologie, la nuit »

Longtemps guitariste de Pierre Lapointe, co-auteur d’un tube comme « Le bar des suicidés », Philippe B. nous revient avec un quatrième album intitulé « Ornithologie, la nuit ». Sobriété et dépouillement sont les maîtres mot de cet opus éminemment acoustique faisant la part belle à une poésie simple et touchante.

On pourrait presque croire à une blague à l’écoute du premier titre intitulé « La complainte du Scaphandrier ». Guitare acoustique, voix à l’accent canadien, tout pourrait concourir à une vision très caricaturale de la musique québécoise que se font les français. On pense de suite à Charlebois, pourtant que nenni, Philippe Bergeron à l’état civil renoue avec une tradition de chanson francophone avec talent sans tomber dans le stéréotype.

À l’image du superbe « Calorifère », le québécois construit des titres intimistes et acoustiques dominés par un piano/guitare lent et brut. Il y a en effet dans chacune de ses compositions une sorte de pureté qui sans être dédaigneuse ou aseptisée nous touche. Parfois un peu solennel voire guindé sur le très classique « Le sommeil des oiseaux » ou plus variété sur « Nous irons jusqu’au soleil », Philippe B nous berce de ses mélodies entre profondeur et sincérité.

On pense à Michel Delpech et à toute cette variété française des années 70 sur le très beau « L’année du serpent ». Mais là où certains copient, Philippe B réussit à instiller sa personnalité dans chacune de ces compositions. Sans ressasser les chansons de la génération du Baby boom qui finissent invariablement chez Drucker, le québécois nous sert des titres élégants aux faux airs vintages.

Comme le laisse supposer cette magnifique pochette, les musiques du québécois esquissent les contours d’un univers classique possédant une saine folie parfois presque enfantine. Philippe B raconte l’amour au quotidien. Histoire de cœur commune tout en restant unique, il s’inscrit dans une chanson poétique rappelant dans l’approche le dernier album de Vincent Delerm.

Poésie figurative, rappelant parfois Prévert dans des textes où les mots prennent de la place mais ne se bousculent jamais, Philippe B laisse respirer ses chansons en construisant patiemment un écrin à leur mesure. Le rendu est un album doux, simple d’abord mais en dehors des normes intégrant des titres imprégnés d’une poésie lumineuse et vivifiante.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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