Philippe Katerine achète un 4 pistes et enregistre dans sa piaule
Philippe Katerine est né Philippe Blanchard, le 8 décembre 1968 à Chantonnay, une bourgade vendéenne.
Il qualifie son enfance de « terne » et « banale ».
« De la Vendée, je garde des paysages, une éducation, une ambiance un peu figée… tout ce qui a bercé mon enfance. Mes chansons découlent de ça à mon avis, d’une réminiscence des choses passées. (…) Ces dimanches ternes… Il n’y avait pas trop d’occupations donc l’imagination était sollicitée. Ça permet de développer autre chose de plus vif, de plus vivant. » (Presse-Océan, février 2003)
Quelque chose de plus créatif comme la musique, qu’il rencontre pour la première fois un matin de départ en vacances.
« Un été, nous étions partis en vacances avec mes parents pour la Costa Brava, la destination de référence en Espagne. Nous nous étions levés vers 5 heures du matin pour éviter les embouteillages bien entendu. J’étais dans la voiture avec mon frère et ma sœur. Mon père allume l’autoradio et nous tombons sur la chanson de Dutronc ‘’Il est cinq heures, Paris s’éveille’’. Outre le contexte heureux, j’étais passablement dans le coltard. J’ai néanmoins, et pour la première fois, eu le sentiment d’embrasser une chanson entière. Dans sa globalité. Tout était réuni pour que la description d’une ville endormie qui se réveille difficilement me touche avec une fraîcheur unique. C’était finalement une question de circonstances. » (Vox Pop, septembre 2010)
À huit ans, le jeune Philippe subit une dangereuse opération à cœur ouvert. Il passe tout près de la mort.
L’adolescence n’est pas beaucoup plus enjouée. Il est le bouc émissaire de ses camarades de classes qui le surnomment « poubelle » et remplissent son casier de déchets.
Un jour, il s’essaie par hasard à la guitare dans la chambre de son frère.
« Mes parents n’étaient pas du tout musiciens. Je savais à peine que la musique existait. Jusqu’au jour où j’ai découvert une guitare dans la chambre de mon frère. Je l’ai utilisée comme ça, sans technique particulière, en y plaquant des mots. J’avais presque l’impression d’inventer un métier. Petit à petit, j’ai pris conscience que, non seulement la musique existait, mais qu’en plus je n’étais pas seul à en faire. Alors, seulement, j’ai commencé à acheter des disques. »
Ce n’est pas encore le coup de foudre avec la musique, mais le petit Philippe y prend de plus en plus goût.
« À douze ans, je jouais au basket, ma passion, avec un copain. Lui avait une guitare. Avant chaque entraînement, on enregistrait deux ou trois chansons. Plus d’une centaine au total. J’ai réalisé un jour que j’avais plus besoin de la musique que du basket. » (Ouest France, août 2003)
C’est en 1984, vers 16 ans, que Philippe Katerine commence à écrire ses propres textes. Sous forme de nouvelles puis de chansons.
À 18 ans, il s’inscrit à la fac de Rennes en Arts Plastiques. C’est là qu’il découvre véritablement la culture avec un grand C.
« Pour la première fois de mon existence, je vivais seul. J’ai découvert un quotidien bien différent de la Vendée. Et puis je suis tombé sur des nouvelles sensations loin d’être désagréables comme la sexualité. À la fac, les gens écoutaient The Velvet Underground ou Television. J’ai commencé à me mettre à divers styles. The Pastels. Je lisais Jean Genet. Je regardais les films d’Eustache. Je me nourrissais d’une variété d’influences. » (Vox Pop, septembre 2010)
Philippe Katerine s’essaie ainsi à la peinture, jusqu’au jour où il achète un 4 pistes et se met pour de bon à la chanson. Son producteur : lui-même. Son studio : la chambre d’étudiant.
« Avec cet appareil, j’avais l’impression de pouvoir enfin créer mon propre disque. Seul, dans ma chambre. Cet investissement a sans doute déclenché ma carrière. » (Ouest France, août 2003)
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