C’est épaulés par Electric Guest que les jeunes Belges de Pale Grey ont traversé l’Europe pour présenter leur nouvel EP en forme de prélude à un tout prochain album à l’automne. Grave et tourmentée, la musique de Pale Grey tranche et parvient à nous emporter dans un mélange superbement équilibré entre pop et electro.

Dès ce « Ghosts » doux et puissant, la musique des belges nous enveloppe de ses sonorités feutrées. Au travers d’une electro contenue, ils nous proposent une pop aux accents electro fourmillant d’idées et de sonorités qui en s’additionnant donnent le tournis et nous emporte dans un univers au psychédélisme très présent. On pense forcément à Radiohead, à cette façon de faire une musique en respectant le carcan commercial et tout possédant une liberté folle lui permettant d’innover, de créer et surtout de construire leur propre univers.

Transformant chaque centimètre carré d’une musique cotonneuse sur un « Billy » extrêmement addictif, les belges nous proposent des titres où le glorifiant se mêle à l’intimiste dans un rendu à l’électronique omniprésente. Possédant une véritable science de la mélodie, ils prouvent avec élégance une aptitude à modeler une pop à leur sauce sans jamais tomber dans un rôle commercial ou succomber aux sirènes d’une musique facile.

Chez Pale Grey, l’ambiance est aussi lourde que légère, passant du noir au gris puis au blanc avec une agilité folle, ils transforment l’idée absconse que l’on se fait d’une electro à la limite de l’expérimentation. Plus l’EP avance et plus le côté grandiloquent semble l’emporter au détriment d’une intimité qui se réduit à peau de chagrin. Puisant une électro complexe dans une pop surannée, les belges s’enhardissent mais faillissent dans un dernier titre étrangement complexe et presque ennuyeux qui  malheureusement clos assez mal cet EP.

Sur la corde raide entre pop décalée aux codes mainstream et electro expérimentales aux envolés lyriques, les Belge nous proposent un EP qui tient plutôt bien la route. La musique de Pale Grey se joue des normes pour mieux nous transporter dans une pop  éthérée où la sobriété croise une richesse des sons toujours très impressionnante. Se plaisant à dessiner une musique technique  au rendu très lisible, ils nous immergent dans ce que l’électro fait de mieux actuellement sans jamais dépasser une durée synonyme d’ennui.

Arnaud Le Tillau
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