Yannick Noah écrit Saga Africa
Yannick Noah naît à Sedan le 18 mai 1960. Il a un père camerounais : Zacharie, footballeur professionnel, et une mère française : Marie-Claire, prof de français. Il a aussi deux sœurs.
On a tous grandi aux sons des disques de nos parents. Pour le petit Yannick, c’est au rythme du rock country américain et aux mélodies de la chanson française.
« Le premier disque que mon père m’a acheté, c’était un 45-tours du groupe Creedence Clearwater Revival, du rock country. Je l’écoutais en boucle. Je chantais en yaourt, tentant d’imiter l’anglais. Papa était très jazz, salsa, musique cubaine. Maman très Brel, Moustaki, Reggiani. A la maison, ça dansait, ça chantait tout le temps. » (Le monde 2 », 18/12/2004)
En 1963, le père Noah décide de se réinstaller au Cameroun, à Yaoundé. Yannick, un pied en Europe, un autre en Afrique, grandit donc entre deux cultures et ce n’est pas pour lui déplaire.
James, Jimi, Bob et les autres
À la fin des années 60, Yannick Noah et une grande partie du Cameroun se passionnent pour James Brown, ses rythmes et ses pas de danses. Le petit Yannick, du haut de ses 8 ans, participe à trois concours de danse sans jamais l’emporter.
« Le jeudi, on arrivait avec mes copains au cinéma deux heures avant la séance parce que le projectionniste passait des extraits de concerts de James Brown. Les rares fois où j’arrivais à vaincre ma timidité, je me lançais dans des concours de danse. Et j’étais éliminé dès le début. Mais c’était la fête ! » (Le Monde 2, 18/12/04)
Après James Brown, ce sont les riffs de Jimi Hendrix et l’engagement de Bob Marley qui transcendent un Yannick devenu ado.
Il développe une passion pour la musique mais aussi certaines aptitudes au tennis.
« Je serai tennisman »
Arthur Ashe, grand joueur de tennis professionnel afro-américain, a l’habitude de jouer avec des enfants avant de disputer un match. En 1970, il échange ainsi quelques balles avec un jeune franco-camerounais plutôt doué : Yannick Noah. Visiblement intéressé par sa nouvelle recrue, Arthur Ashe le prend sous son aile et lui offre une raquette.
« Tout d’un coup, quelqu’un me donnait du rêve et ce n’était pas juste des mots. » (Yannick Noah de A à Z, Collection Music Book, 2004)
En 1971, il entre en sport-études à Nice. Le tennis rythme son quotidien, mais le jeune interne trompe l’ennui en écoutant les tubes de ses parents sur un mange-disques. Il a aussi un copain qui lui fait découvrir Aerosmith, J. Geils Band et The Poppies.
Un jour, Mr. Cantinilli, le prof d’anglais, apporte en classe l’album rouge des Beatles pour faire apprendre la langue de Shakespeare à ses élèves. Ça fonctionne sur Yannick qui s’empresse d’acheter toute la discographie des Beatles.
« J’ai même volé quelques albums quand je manquais d’argent. » (Yannick Noah de A à Z, Collection Music Book, 2004)
En 1972, le fameux James Brown fait une date à Nice. Yannick ne peut pas rater le concert de son idole. Il fait le mur.
« C’était mon premier concert, je me souviens avoir pris une claque. On peut parler de déclic. » (Yannick Noah de A à Z, Collection Music Book, 2004)
Dès lors, l’étudiant se prend à rêver d’une carrière de chanteur.
« Je chantais tout le temps. Je chantais de la cantine au dortoir, je faisais chier tout le monde… Je fermais les yeux, je me voyais sur scène. Quand j’allais à des concerts, je me disais, ça, je pourrais le faire. J’étais un vrai fou de musique. » (Yannick Noah de A à Z, Collection Music Book, 2004)
Une star du tennis
1977 : Yannick Noah remporte son premier grand tournoi à Wimbledon, dans la catégorie junior. L’année suivante, il bascule dans la cour des grands et affronte désormais les plus belles raquettes du tennis.
Un jour, Yannick participe à un tournoi d’exhibition à Tokyo et Sony lui offre un curieux prototype : un walkman. C’est un cadeau en or pour ce fan de musique.
« On me prenait pour un martien dans la rue. Depuis ce jour-là, mes sacs ont été bourrés de cassettes et je n’ai jamais cessé d’écouter de la musique. » (Yannick Noah de A à Z, Collection Music Book, 2004)
Je fume, et alors ?
En 1980, Yannick est au centre d’un débat médiatique après avoir déclaré au magazine Rock’n’folk qu’il fumait du cannabis.
Au mariage de sa sœur, en 82, il apparaît en costume cravate et rastas.
« J’ai adopté la coiffure rasta, parce que c’est une façon d’afficher ma liberté, à mon niveau.. » (Télérama, 22/08/03)
1982, l’année où tout s’accélère
1982 est une année importante pour Yannick. D’une part, parce qu’il remporte Roland-Garros et devient un héros auprès du peuple français qui attendait un titre à la maison depuis 37 ans.
D’autre part parce que c’est l’année où il chante en public pour la première fois. Il est invité par Maritie et Gilbert Carpentier dans l’émission Formule 1. Il chante « Il est libre Max » en duo avec Hervé Christiani, un artiste devenu ami qui lui apprend à jouer de la guitare.
« Depuis qu’Hervé m’a appris à jouer de la guitare, j’en emmène une partout. Je joue dans mes chambres d’hôtel, mais je ne suis pas très doué ! » (VSD, 1983)
1982, c’est aussi l’année où Yannick suit la tournée du groupe Téléphone pendant une quinzaine de jours.
« Tout ce que je voyais me donnait envie. Il y avait une équipe, une ambiance, ils avaient le droit de s’éclater la nuit. C’était le contraire de ce que je vivais, qui était dur, stressant, égoïste … » (Le monde 2, 18/12/2004)
« C’est en voyant un concert de Téléphone, et la performance de Jean-Louis Aubert, que l’envie de chanter s’est précisée pour moi. » (L’indépendant, 21/10/06)
Autres années, autres moments
En 1984, Yannick Noah remporte le French Open en double avec Henri Leconte.
Le 2 mars, il se marie à Yaoundé avec Cécilia Rhode, une ancienne miss Suède. Ils auront deux enfants : Joakim et Yelena.
Les deux jeunes parents se séparent quatre ans plus tard.
Cette même année, Yannick crée l’association humanitaire « Les enfants de la terre » avec sa mère.
« J’ai toujours eu le sentiment d’être un privilégié et qu’il fallait faire en sorte de bouger les choses pour ceux qui n’ont rien. Si ça peut se faire grâce à mon image, c’est bien. » (Rolling Stone, 2003)
En 1989, Yannick et sa famille s’exilent à New York. Avec des amis, ils ouvrent un restaurant de cuisine française en plein Manhattan. L’endroit est baptisé « Guignol’s », en référence au nom que se donnent Yannick et ses quatre compères. L’aventure n’ira pas loin, le restau ne marche pas du tout.
Si Yannick a ouvert un restaurant, c’est parce qu’il pense à une future reconversion.
« En fin de carrière sportive, j’ai commencé à réfléchir à ce que j’allais faire après, je passais du temps avec des gens de mon âge qui commençaient leur vie, alors que je finissais la mienne. J’avais envie d’une nouvelle passion, et j’ai toujours fantasmé sur les chanteurs. »
Yannick se pose des questions jusqu’au jour où il écrit « Saga Africa », presque par hasard. On est alors en 1991.
« ‘’Saga africa’’ a été écrit dans l’instant. J’ai entendu un rythme de basse et j’ai déliré. Cette chanson, c’est tout moi. Les couplets pourraient être l’histoire de ma vie, de mes rêves. A savoir : allons danser toutes les danses, allons s’en rouler un petit, regardons le foot, éclatons nous quand les Lions du Cameroun marquent un but ! » (VSD, 09/2003)
TF1 en fait son tube de l’été. La promo est énorme et le titre, à la deuxième place du top single, se vend à 800 000 exemplaires. La reconversion de Yannick est toute trouvée.
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