Après le nouveau Jenifer puis Christophe Maé, voici « Caractère » le nouvel album de Joyce Jonathan. La chanson française nous gâte en ce moment. Je vois d’ici les mauvaises langues avec leur « entre la peste et le choléra »… Et bien sûr, ils n’auront pas tort. Mais le cas de Joyce Jonathan laisse encore plus songeur que les autres…

Pas la peine de se voiler la face, avec « Caractère » on entre de plein pied dans une pop acoustique venue tout droit du pays des bisounours. Babar à la batterie, Franklin la tortue aux claviers et Bob l’éponge à la basse. Sans oublier « Dora l’exploratrice » au chant. Il se dégage de titres comme « Quand tu me prends la main » ou encore « Ca ira », une naïveté exacerbée qu’on avait plus vu depuis les 16 ans de France Gall. Des hymnes façon Disney Channel pour les 12-16 ans, portés par la voix toujours plus enfantine de la gentille Joyce Jonathan, 24 années au compteur, et sans doute l’amie idéale quand on est en CM2.

Alors oui, l’intérêt musicale est bien faible. Pourtant on ne peut pas reprocher à Joyce Jonathan de céder à la facilité de la variété commerciale. Ici pas de reprise ou de titre électro-zouk trop faciles, Joyce prend son crayon et sa guitare et écrit de vraies chansons. Certes, que ce soit les paroles ou la musique, c’est simple, souvent simpliste, déjà entendu, un peu niais, tout ce qu’on veut…

« Jardin zen », « Botero », « Vivre avec », tout est trop formaté et lisse, avec des guitares acoustiques clinquantes et des clappements de mains gentillets. Mais on ne peut pas dire que la jeune levalloisienne se moque de nous. Elle fait la musique qu’elle aime, et qu’importe si son univers est celui d’une adolescente de 15 ans. Elle trace sa route, certes sûrement aidée par une popularité qui n’est pas seulement due à son talent musicale, mais mes neveux de 8 ans ont aussi le droit d’écouter de la musique, et je préfère qu’il tombe sur ce « Caractère » que sur le dernier Sexion d’assaut.

D’autant plus que noyé dans ces méandres de bons sentiments dégoulinants se cache quelques bonnes mélodies comme la jolie ballade au piano « Sans patience ». Moi j’ai bouffé «Il faudra leur dire» de Francis Cabrel étant enfant, et je m’en suis sorti quasiment sans séquelle.

Alors oui, « Caractère » n’est vraiment pas à mettre entre toutes les oreilles, et encore moins entre les miennes, mais il trouvera très logiquement son public dans les rangs des classes de 6ème. Un album pour ado sans prétention pour une chanteuse pour ado sans prétention. Pourquoi pas après tout.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com