/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 13-03-14

Jeanne Cherhal – « Histoire de J. »

Après un hommage remarqué à Véronique Sanson, Jeanne Cherhal nous revient au travers d’un nouvel album sonnant comme un retour aux sources. En effet, outre le fait d’avoir tout composé sur son instrument fétiche, « Histoire de J. » s’attelle à raconter la femme qu’elle est aujourd’hui dans ses contradictions et ses envies se révélant en grande dame d’une variété française que l’on pensait disparue.

Déjà très remarquable sur son dernier album « Charade », Jeanne Cherhal nous délivre cette fois un album variété d’une véritable classe. Dès « J’ai Faim » le ton est donné. Orchestration riche sans être écrasante dominée par un piano rythmique omniprésent et au jeu enlevé, la musique de la nantaise se dévoile robuste et fragile à la fois. Au travers de textes toujours ciselés, elle aborde sur chaque titre un sentiment amoureux, un état d’esprit faisant de ce « Histoire de J. » un album éminemment féminin.

Réussissant à allier simplicité d’écoute et orchestration fouillée, la française fait revivre avec un bonheur non dissimulé une variété de très bonne qualité mélangeant mélodies travaillées et approche abordable. Pétillante sans être légère sur « L’échappée » ou puissante sans être sur-produite sur le torride « Cheval de feu », la musique de Jeanne respire une spontanéité et une envie viscérale de proposer quelque chose de différent.

Il y a dans cet album ce que l’on commençait à deviner dans « Charade », une sorte de sérieux et de profondeur qu’avait longtemps combattu la jeune Nantaise dans des compositions entre drôlerie et légèreté. Dépouillée, vraie, elle semble se libérer peu à peu d’un style qui lui collait à la peau, d’un personnage qu’elle n’est pas. Transcendant un message qui pourrait être taxé de féministe au travers d’une sobriété teinté d’inventivité, elle nous illumine de son talent sur un titre comme « Quand c’est non c’est non » aidée en cela par les magnifiques voix des Françoises (Emily Loizeau, Camille, Olivia Ruiz, Rosemary Standley et La Grande Sophie). Difficile de ne pas tomber sous le charme.

De la même façon, l’album semble atteindre un climax avec le magnifique « L’oreille Coupée » où dans une approche rappelant beaucoup le duo Berger/Gall elle propose un titre qui à coup sûr devrait rester un classique. Changeante, mélodique tout en restant simple, elle créée une composition qui sous des airs d’ordinaire est émaillée de milles et une inventions rendant le tout addictif.

Mélancolie sous jacente, complexité en filigrane, tortueuse sans le montrer, il y a dans les compositions de Jeanne Cherhal une profondeur qui album après album semble être de plus en plus présente. S’améliorant d’opus en opus elle semble quitter progressivement son approche nouvelle scène française pour se jeter dans une variété de très bonne qualité suivant en cela les traces des Berger et autre Sheller.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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