Jacques Higelin fait le con avec Brigitte Fontaine à la Vieille Grille
Jacques Higelin naît le 18 octobre 1940 en Seine-et-Marne, à Brou-sur-Chantereine.
C’est un p’tit gars de l’Est. Sa mère est belge et sa famille paternelle est alsacienne. En Alsacien, « Higelin » signifie d’ailleurs « petite colline ».
Son village subit les bombardements anglais et américains de la Seconde Guerre mondiale qui laisseront chez lui une trace indélébile.
À l’école, le petit Jacques est remarqué pour ses talents de narrateur. Il raconte des histoires aux plus petits pendant les récréations et se met rapidement au théâtre. Il joue un acte du « Bourgeois Gentilhomme » à 9 ans et récite « Les vieux », un conte de Daudet, à la salle paroissiale. Sous la pression de la directrice, il dirige même les plus petits dans un spectacle de l’école.
Après cette période théâtrale précoce, le jeune artiste dans l’âme s’essaie avec succès aux radios crochets, ces concours de chants radiophoniques populaires dans les années 50.
Fini l’école, place au cinéma et à la musique
Il quitte l’école dès l’âge de 14 ans, en ayant obtenu son certificat d’études après avoir triché sur son voisin.
La famille Higelin s’installe alors dans un pavillon à Chelles, toujours en Seine-et-Marne. Jacques fréquente le milieu du cinéma grâce au cascadeur Bob Morel, ancien garde du corps du général De Gaulle.
C’est aussi l’époque où il découvre le jazz, sa première véritable rencontre avec la musique.
Bob Morel, décidément prépondérant dans la future carrière de Jacques Higelin, lui offre des disques.
« À 10 ans, j’avais un disque de Charlie Parker, Miles Davis et Dizzie Gillespie jouant ensemble. Je l’ai écouté mille fois en remontant le phonographe à manivelle. J’avais pas de copains de mon âge, ils m’envoyaient tous chier, certains voulaient me casser la gueule. Du coup, j’ai fait beaucoup l’école buissonnière et j’avais ces rendez-vous dans ma chambre. Je fermais les volets et les yeux. » (Liberation.fr, 18/02/10)
J’écoutais les disques et j’essayais de comprendre, de refaire la musique. » (Francofans, Octobre 2010)
Son intérêt pour la musique grandit en écoutant « Pour ceux qui aiment le jazz » à la radio. Il danse sur Paul Anka, Elvis, les Platters et assiste, fou de joie, au concert d’Ella Fitzgerald.
Un début de carrière au théâtre et au cinéma
En 1960, il s’inscrit aux cours d’art dramatique de René Simon. Élève brillant, il reçoit le prix François Périer. La chanson est à cette époque au second plan.
Il apparaît au cinéma aux côtés de Jacques Perrin et Claude Brasseur dans « La Verte moisson », de François Villiers. On le repère aussi dans quelques rôles de figurants, mais c’est le tournage de « Le bonheur est pour demain », d’Henri Fabiani, qui s’avère être un tournant dans la carrière artistique de Jacques Higelin. Il y rencontre Henri Crolla, compositeur d’Yves Montand et d’Edith Piaf. Henri Crolla a juste le temps d’enseigner la guitare, le piano et la clarinette au jeune Higelin avant de mourir 6 mois plus tard.
Après son service militaire en Allemagne et en Algérie où Jacques Higelin continue de jongler entre la musique et le spectacle, il revient à Paris en 1963 et tourne « Bébert et l’omnibus » d’Yves Robert. Il ne délaisse pas pour autant le théâtre, mais s’essaie à des œuvres plus expérimentales. C’est ainsi qu’il rencontre la troupe de Marc’O et se lie d’amitié avec des comédiens comme Bulle Ogier ou Jean-Pierre Kalfon.
Le café-théâtre l’intéresse aussi beaucoup. À mi-chemin entre chanson et comédie, Jacques Higelin y trouve son compte et s’épanouit sur scène. Il accompagne notamment Georges Moustaki en chantant Boris Vian aux Trois Baudets.
À la fin de l’année 1964, il est aux côtés de Rufus et Brigitte Fontaine au théâtre de la Vieille Grille, dans des spectacles délirants comme « Mélancaustique » ou « Maman j’ai peur ». C’est ici que tout a vraiment commencé pour Jacques Higelin. Au sous-sol, on retrouve Coluche ou Romain Bouteille pour des sketchs. À l’étage, le café-théâtre fait salle comble lui aussi. Et puis un soir, après le spectacle, Jacques Higelin s’adresse aux spectateurs. Il leur demande de ne pas partir et commence à leur raconter des histoires, à jouer du piano et à inventer des chansons avec Brigitte Fontaine. Cela dure jusqu’au petit matin.
C’est alors que le directeur artistique et producteur Jacques Canetti remarque le duo Higelin-Fontaine. Il leur donne l’occasion d’enregistrer deux disques coup sur coup : « Douze chansons d’avant le déluge » et « Quinze chansons d’avant le déluge », deux albums dans lesquels ils revisitent le répertoire de Boris Vian.
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