/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 01-10-19

Clio – « Déjà Venise »

Il y avait dans le précédent album de Clio un classicisme sage rappelant les Barbara et les Alexis Beaupain. C’est donc avec étonnement que l’on se penche sur ce nouvel album où la variété française est cette fois revisitée à grand renfort de claviers vintages et de boîtes à rythmes électro. Le résultat est plutôt réussit au travers de titres proches parfois d’une approche commerciale mais aux textes ciselés. La franc-comtoise prouve son envie de transgresser et de faire bouger une variété entêtante. 

Clio – « Déjà Venise » : La chronique

Atmosphère à l’électro planante, voix douce, basse omni-présente, ce « T’as vu » est un véritable tube que l’on se plait à écouter et réécouter. Dans une variété puissante, Clio nous embarque dans une musique pleine de vie qui prend sa source dans une nouvelle variété française à l’image d’Angèle ou Louane. Commerciale cette musique n’en demeure pas moins superbement produite. Grâce à une approche simple et sans détour, Clio utilise une électro enivrante pour un premier titre en forme de déclaration d’amour. Avec un soin dans la production, elle s’impose sur ce titre avec emphase.

De sa voix voilée diablement envoûtante, Clio poursuit les titres suivants sur sa lancée qui la voit poser ses textes sur une instrumentation à l’électro ronde et flashy des années 80. Un peu faiblarde en terme de mélodie sur « Amoureuse » elle se rattrape pleinement avec « Sur les horodateurs » où l’univers construit autour des claviers d’Augustin Parsy forme une nasse dans laquelle on se retrouve piégé. Y ajoutant son grain de voix et cette façon de se couler dans chacune de ces compositions en se les appropriant avec aisance, Clio impose progressivement son univers. 

Montant progressivement en puissance, Clio nous entraine au fur et à mesure de l’album dans un mélange de variété fine et d’audace sonore qui finissent par nous conquérir. Reprenant en français le tube interplanétaire « Porque Te Vas » elle remet à l’honneur un exercice très prisée des artistes de variété des années 70 sans tomber dans la caricature. À l’aise mélodiquement sur le très beau « Tristan » , Clio travaille ses textes pour les intégrer parfaitement dans une sorte de rythme qui vite nous enivre. 

On est bluffé par la production qui nous emporte de suite dans un univers spontanément sous cellophane à l’image du très beau « Romy S » . On pense à Adjani, à cette pop plastique au glamour extrêmement présent. Clio a cette faculté à transformer un univers en une grande histoire musicale. À la manière d’une actrice, elle se métamorphose dans chaque titre en un personnage terminant sur un duo avec Ours doux et chaleureux comme pouvait l’être les duos de Maritie et Gilbert Carpentier.

De sa voix à la monotonie espiègle, Clio dessine une pop à la dépression pétillante qui donne au tout une impression de puissance. Il y a chez la jeune franc-comtoise une personnalité qui s’affirme progressivement dans une musique fine et se transformant sans cesse. Le tour de force de la française est cette façon de multiplier les ambiances dans une seule et même composition extrêmement bien réalisée. Délaissant la variété classique pour la bousculer dans un écrin à l’électro vintage , Clio trouve progressivement sa voie dans une nouvelle scène française en pleine mutation. 

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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