Beady Eye – « Be »
Après « Different Gear, still speeding », un premier essai qui laissait un peu sceptique, revoilà Beady Eye avec « Be », nouvelle occasion pour Liam Gallagher de prouver à son grand frère préféré qu’il n’a nullement besoin de lui pour exister. Mais force est de constater qu’il se trompe.
Rien de très nouveau par rapport à l’opus précédent : on retrouve l’adoration sans borne des Beady Eye pour le rock des années 60-70’s, John Lennon et les maracas en tout genre… Pourtant le son semble s’être affiné : moins de guitares saturées, moins de murs du son rock’n’roll et brouillons. David Sitek, producteur des Yeah Yeah Yeahs et de TV on the Radio n’est sans doute pas pour rien dans ce changement.
« Soon come Tomorrow » ou encore « Soul of Love » bénéficient de ce lifting bienvenu, faisant la part belle aux guitares acoustiques, orgues et reverbs soignées. Bien sûr le rock de Manchester n’est pas en reste avec le péchu « I’m just saying » ou « Face the crowd » qu’on dirait échappés d’un album des Who. Donc une production supérieure à « Different Gear, still speeding », des arrangements plutôt bien pensés, pourtant quelque chose cloche…
Au fur et à mesure que l’on avance dans « Be », on se rend compte que rien ne surnage, les titres défilent sans jamais accrocher réellement. Là où Noel et ses High Flying Birds parviennent toujours à laisser une petite trace grâce à 3 notes mélodiques ou un petit riff efficace, les Beady Eye font l’effet inverse. Il manque quasi-systématiquement le petit truc accrocheur, le bon refrain ou le pont qui déchire pour nous embarquer avec eux.
« Flick of the finger » qui ouvre l’album possède pourtant la mélodie entêtante nécessaire à tout bon single pop et on attend le décrochage qui fait la différence, mais il n’arrive jamais. Le single « Second bite of the apple » est une agréable surprise au premier abord : rythmique à base de percussions, bien chargé en cordes et cuivres, mais le refrain laisse sur sa faim, un arrière-goût de trop peu, un manque d’assaisonnement qui rend le tout indigeste et un peu fade.
C’est d’autant plus dommage car « Be » possède quelques atouts dans sa manche. La ballade acoustique « Ballroom », sans être originale, fonctionne bien et Liam Gallagher prouve qu’il peut encore faire dans la subtilité quand il s’en donne la peine et quand il retrouve son rhinospray déboucheur de nez qui lui fait trop souvent défaut. « Start a new » clôture l’album et joue la carte du morceau de fin qui commence doucement pour exploser dans la dernière minute. La première partie respecte le cahier des charges et on écoute avec plaisir ce bon vieux Liam. En revanche, comme souvent sur l’album, il manque la puissance nécessaire à la seconde partie pour s’envoler. La guitare au lointain est belle, la batterie cogne bien, mais l’envolée attendue peine à décoller. Un symptôme récurrent sur cet album.
« Iz Rite » tourne bien mais ronronne comme jamais avec une mélodie mainte fois entendue dans la bouche des frères Gallagher. « Shine a light » sort un peu du lot avec sa rythmique pleine de percussions et ses guitares acoustiques. Ca sonne agréablement, mais la mélodie est d’une pauvreté assez affligeante… Le solo de guitare à l’envers et la rupture rythmique du pont bien amenée ne parviennent qu’à cacher la faiblesse évidente du groupe, à savoir des compositions d’un niveau assez inégal et sans génie. Dans le meilleur des cas, on trouve la mélodie agréable, mais déjà entendue, comme sur le sympathique « Don’t brother me », qui s’étire dans une fin psychédélique pas désagréable mais dispensable… Au final, on s’ennuie un peu au milieu de ces mélodies déjà connues où inexistantes, et rien ne reste vraiment en tête…
En conclusion, « Be » relève quelque peu le niveau de « Different Gear, still speeding », mais souffre de grosses lacunes en terme de compositions, difficilement masquées par la production efficace de David Sitek. Les Beady Eye peinent à trouver un rythme de croisière avec un capitaine qui continue à n’en faire qu’à sa tête… J’en connais un qui va bien rire en écoutant tout ça.
Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com
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