Elisapie en concert à Pleyel : magique et singulier
La salle Pleyel est pour nombre d’artistes une récompense, alors pour un premier concert en Europe, cela devient une véritable chance qu’il faut saisir. Pour cette. première traversée de l’Atlantique, Elisapie a envoûté le public parisien dans une première partie puissante et troublante comme peu d’artistes savent en faire.
Arrivée sur la scène toute d’orange vêtue, Elisapie a su de suite capter l’attention d’un public exigeant comme l’est celui de Pierre Lapointe. Telle une prêtresse, la jeune Inuit nous a enveloppé de sa musique unique et profonde portée par une culture venue du grand nord. Au travers d’un jeu de lumière sobre, elle transcende une musique aux mélanges entêtants qui dans une salle Pleyel comble prend tout son sens.
Vibrante sur un « Arnaq » à la pop ethnique, Elisapie prend possession de la scène en un temps record. Charismatique dans son approche d’une folk pop puissante, elle transforme l’essai avec ses 3 musiciens dans une approche non conventionnelle qui fait plaisir à voir. Les québécois dessinent avec leur son fait de guitares vibrantes et de set batterie hors norme, une sorte d’arabesque pop dont on ne sort pas indemne. Avec son phrasé unique Elisapie envoûte un public qui rapidement n’a que d’yeux pour cette jeune Inuit.
Le rock de la québécoise se conjugue à tout les temps et nous envoie en pleine face un mélange de vécu et de légende avec un sens rare du conte. Sidérant un public concentré, elle donne à voir une jeune femme bien avec son époque et fier de ses origines. Poignante sur « Una » lorsqu’elle parle de cette coutume inuit qui consiste à donner son 4eme enfant à une famille qui ne peut en avoir, elle apparaît comme entière, sincère et diablement envoûtante.
Difficile de rester de marbre devant une telle énergie que la jeune Inuit déploie avec force et fracas dans un set lumineux et plein d’une profondeur d’âme rare. On se sent tout petit devant cette musique qui convoque des siècles de coutumes dans un écrin à la pop ethnique rudement efficace. Voix d’orfèvre qui prend aux tripes, personnifiant à elle seule une culture à la marge, Elisapie nous a entraînée ce soir dans une communion scénique proche de la transe nous offrant un moment singulier et magique brillant de milles feu.
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com
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