Patrice Elégoët est un magicien du son et un travailleur acharné. Enregistré sur 2 ans, son nouvel opus revisite le champ immense de la bande son de notre enfance au travers de 16 titres exécutés seulement avec des sons de jouet. Un véritable coup de cœur.

Concept surprenant que s’est approprié le breton, le résultat n’en est pas moins impressionnant. C’est au travers d’un son de jouet que l’on remonte que s’ouvre cet ovni musical. « Robotank-z », premier titre eponyme de l’album, nous met de suite en condition. Fouillée, travaillée, la musique de Patrice Elégoët nous rappelle un autre musicien issu de l’Ouest de la France.

En effet, c’est Tiersen qui le premier a ouvert la porte de son imaginaire aux instruments jouets mais c’est Chapi Chapo et les petites musiques de pluie qui propage cette utilisation à des compositions plus complexes et variées. Ainsi au travers de « What is » on oublie peu à peu le concept de l’album et l’on se laisse surprendre par la magie des arrangements et de cette voix extrêmement addictive et puissante.

Travailleur, méthodique et mélodique, Patrice Elégoët sait nous conter des histoire en utilisant seulement les sons de notre enfance. S’éloignant des comptines dévolues normalement à ce son, il ouvre le champ des possibles et calque ces sons sur différents styles évoquant à chaque fois un nouvel univers riche et blindé d’émotions.

Tantôt western « Hand on Hand », tantôt électro-rock sur « Poursuite », le breton nous apprend que toute contrainte n’est pas forcément nuisible à la création. On découvre au travers de cet opus une véritable liberté de composition.

Générateur d’ambiance cet album parle à chacun de nous. En véritable artisan du son, il semble travailler chaque texture et chaque grain pour un rendu impressionnant de justesse et d’émotion. Toujours sur un fil, il réussit à ne pas trop charger ses compositions et à les rendre le moins gluantes possibles comme sur « Dancing king » ou « La leçon » rappelant beaucoup les bricolages géniaux de Cocorosie.

Entouré de pas moins de 18 musiciens et collaborateurs dont Jason Lytle (auteur d’un très bon album en fin d’année dernière), Pascal réussit à naviguer entre les styles en gardant une homogénéité et une fraicheurs hors du commun.

Album osé et génial, Chapi chapo et les petites musiques de pluie nous font entrer dans l’univers bricolé, foutraque et terriblement attachant de Patrice Elégoët. Entre mélancolie et film sépia, toujours imaginatif, débordant d’idées, « Robotank-z » fait partie de ces albums à écouter et réécouter sans se lasser. Clairement addictif!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com