Les 90’s reviendraient-elles à la mode? Après Twins de Ty Segall voila que The Evens nous offrent avec ce 3ème album « The Odds » une ode aux sons caractéristiques des années Garage Rock.

C’est grâce au titre « King of Kings » que je m’étais penché sur ce groupe originaire de Washington. En effet, dès les premières notes on retrouve ce son très Nirvana fait de barrés glissants avec cette guitare mi acoustique mi électrique qui sonne très brute et ce pont rappelant le très bon album des Smashing Pumpkins.

C’est d’ailleurs toujours ce groupe orchestral rock auquel on peut faire référence pour le deuxième titre « Wanted Criminals » qui au niveau du son et de la structure pourrait aussi rappeler « Echoes » de pink Floyd.

Côté structure, on ressent une réelle alchimie et maîtrise.

Ce sentiment est mis à mal à l’écoute de « Warble Factor » ou « Sooner or Later ». En effet, on y ressent comme une aggrégation de parties composées à des moments différents et réunies pour l’occasion. Alors même que ce procédé peut être source de créativité et belles trouvailles voire de génie (Beatles), il se trouve que pour ces 2 morceaux la mayonnaise ne semble pas prendre.

Heureusement « Competing with the Till » est là pour nous faire comprendre que ce passage à vide sera le seul de l’album.

The Evens est un groupe qui ose quitte à ne pas plaire, à travers des rythmiques hors normes comme dans « Competing with the Till », qui au travers d’un bric à brac d’instruments, de parties raffinées ou de structures complexes, nous surprend et finalement nous enchante. Le morceau est rapidement addictif ce qui en fait la clé de voute de l’album.

Bien qu’au fur et à mesure de l’album, les mélodies soient de moins en moins précises, les structures se complexifient, les rythmes deviennent de plus en plus funk rock (« This Other Thong ») rappelant les très bons morceaux des Red Hot Chilli Peppers. La perfection est pratiquement atteinte sur le titre instrumental (« Wonder Why ») entre acoustique et électrique qui nous prouvent que Amy Farina (batterie) et Ian MacKaye (guitares baryton) sont avant tout des musiciens hors pair.

Le reste de l’album oscille donc entre morceaux très rock de très bonnes factures et balades plus proche d’un Nirvana unplugged pour finir sur « KoK » (abbréviation de King of Kings) sorte de deuxième version du single de l’album. La boucle est bouclée.

Très puissant, cet album de The Evens, nous rappelle une fois de plus que porté par des structures hors des chemins battus, le rock peut devenir un réel champs d’expérimentation. The Even par leur maîtrise technique, vocale et mélodique, nous enchantent avec cet album. A recommander vivement !

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com