Difficile de transformer un bon EP en bon album? Ce n’est pas l’impression que l’on a à l’écoute de « Run », premier opus de Talisco. Naviguant dans une pop orchestrale lorgnant du côté de la folk et du rock, le français transforme l’essai sur cet opus faisant écho à l’excellent EP « Home » sorti l’année dernière.

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Et en effet, on retrouve avec beaucoup de plaisir « Your Wish » où, au travers d’une pop disco lourde et mélodique, le français pose son style et impose sa patte. Sons ensoleillés à la force rock, énergiques et travaillés, on retrouve cette finesse dans les arrangements mêlant électro et pop brillante.

Jouant sur l’ambivalence, Talisco se plait à mélanger les codes d’une pop grandiloquente. Parfois intimiste comme sur le très folk « So old » harmonieux et mélodique sans être dégoulinant ou grandiose et puissant sur « In Love », le bordelais apprécie ce grand écart stylistique. Mêlant puissance et finesse au travers de titres à la diversité réconfortante, le français réussit la gageure d’intégrer dans chacune de ses compositions l’essence même de son style. Brillant, classieux, il y a dans son approche une réelle science du show que l’on ne retrouve guère que chez les artistes anglo saxons.

Complexe sans être écrasant, pompeux sans être grandiloquent, à l’image du magnifique « The Keys », la musique du bordelais redéfinie une pop trop souvent galvaudée. Entre puissance et mélodisme, Talisco se joue des embûches proposant un son travaillé mais gardant cette spontanéité et cette fraîcheur qui transparaissent pleinement.

Côté influences on pense à Portugal. The man ou Yodelice dans cette approche d’une pop travaillée et joyeuse. Très imagée, la musique du français nous rappelle à certains moment les western de Sergio Leone. À l’image de « Everyone » ou du magnifique « Sorrow », Talisco s’épanouit pleinement dans cette approche très cinématographique.

Malgré une fin un peu décevante, Talisco nous propose un album de très grande qualité. Follement inventif, se renouvelant sans cesse, ancrant ses sonorités dans des arrangements extrêmement bien pensés, le français nous emporte dans ses effluves pop rock qu’il rend addictives. Éminemment cinématographique, ce nouvel album semble être taillé pour les paysages immenses américains. « Run » représentait pour le bordelais cette « soudaine envie de partir quand tout commence à ronronner ». Pari réussi!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com