/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 18-12-16

Louis-Jean Cormier – « Les Grandes Artères »

Véritable star au Québec à l’instar de Pierre Lapointe ou Alex Nevsky, Louis-Jean Cormier reste très et trop méconnu en France. Pourtant la liste de ses récompenses reçues outre atlantique pourrait faire pâlir n’importe quel artiste francophone. 3 Félix (les Victoires de la musique québécoises) et quelques Juno (Victoire de la musique Canadienne) ont fait de lui un artiste à part dans le microcosme de la chanson francophone. Présentant son 2ème album en France, le Québécois espère bien convaincre.

Dès les premières notes, on ressent pleinement l’influence de l’école québécoise sur l’approche musicale du canadien. Mêlant avec beaucoup de finesse la solennité de la chanson française et la mélancolie d’une musique plaintive et délicieusement cuivrée, Louis-Jean Cormier impressionne de sa maturité sur ce « Si tu reviens » à la pop ronde et diablement inventive qui fonctionne à la perfection. On est comme happés par ces mélodies aux contours fins, par ces parties s’empoignant à grand renfort de sonorités de fanfare.

Que cela soit sur « Saint-Michel » ou « Tête première », sautillante sans être une seule fois creuse, la musique du québécois réussit l’alchimie parfaite et dépoussière à grand renfort de pop anglo-saxonne une chanson française parfois un poil guindée. Multipliant les bonnes idées, Louis-Jean Cormier nous impressionne de son lâcher prise, de cette façon qu’il a de se faire guider par la mélodie, de permettre à la musique de prendre son essor avec un maximum d’emphase sans pour autant négliger la partie textuelle.

On ressent pleinement l’influence de Karkwa dans ses approches au rock acéré et aux parties osées qu’il ne se gêne pas pour placer dans la plupart de ses morceaux. Cassant les codes d’une variété française vieillissante, il n’hésite pas à pousser dans ses retranchements une pop qu’il souhaite rock voire électro. Relançant à chaque fois son escapade folle il nous emporte dans une musique cultivant cette joie vivante au travers d’une mélancolie explosive.

Malgré un ventre mou qui voit s’enchaîner quelques titres sans grands intérêt « Vol Plané » ou « Le jour où elle m’a dit je pars » au folk lassant rappelant brièvement Gérald DePalmas, le Canadien réussit à corriger le tir grâce à une fin d’album très réussie.

Démarrant cette deuxième partie par un « Jouer des tours » à la simplicité et à la sobriété folle, Louis-Jean Cormier nous prouve avec brio son adaptabilité. Folk lumineux aux relents d’Other Live sur « Traverser les travaux », le Canadien nous transporte dans des compositions envoûtantes et cristallines. Beaucoup moins grandiloquent, il développe cette approche apaisante au folk suspendu qui nous fait un bien fou.

Faisant partie intégrante de ce renouveau de la chanson québécoise capable de mêler la pop anglosaxonne et la chanson française, Louis-Jean Cormier nous sert un deuxième album superbement orchestré à l’originalité de mise et à la grandiloquence en bandoulière. Se démarquant de ses contemporains par cette force vive et brute qu’il impose à chacun de ses titres, Louis-Jean Cormier fait une musique emprunte de rock sans concession qu’il agrémente de ses mélodies bondissantes de nostalgie.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


Copyright : Quai Baco Stimuli - Mentions légales - S'abonner - Contact Pro - contact@quai-baco.com - Quai Baco Production