/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 28-10-13

Julien Doré – « LØVE »

Les pochettes en disent parfois long sur l’univers de l’artiste. C’est le cas pour Julien Doré et son nouvel album « LØVE ». Classieux et intimidant, ce lion (qui se dit LØVE en danois) regardant la lumière semble personnifier la musique de l’ex- Nouvelle Star. Résolument atypique, entre chanson française et pop fantaisiste, le français trace sa route sans se soucier du qu’en-dira-t-ton.

Démarrant sur un « Viborg » dans un style qui n’appartient qu’à lui, Julien Doré ouvre cet album entre dérision et grandiloquence surdouée. Dans un ensemble toujours très calculé, il promène sa voix de golden boy sur une orchestration puissante, lente et magnifiée par un arrangement lourd et travaillé.

Avec des titres toujours très habillés aux textes travaillés (comme le Gainsbourien « London nous aime »), le français nous propose une suite de compositions à l’univers complexe, noir et addictif. S’inscrivant de fait dans une pop française classieuse et flegmatique, le groove tranquille du français tape dans le mille sur des titres comme « Paris-Seychelles » single à l’électro feutrée ou ce « Hôtel Thérèse » au beat discret et à la tension addictive. Julien Doré a une approche très divertissante de la musique et se rapproche en cela des artistes québécois tels Jimmy Hunt ou Alex Nevsky qui intègrent plus facilement ces codes très anglo-saxons.

Pourtant sur « Habemus Papaye » en duo avec Brigitte, le français semble pousser un peu trop au sérieux son côté crooner. Sur ce titre semblant sorti d’une blague carambar, l’approche très sérieuse du français tranche avec son univers qui, tout d’un coup, sonne faux et pédant. De la même façon sur ce « Heaven » et « Chou Wasabi » à la pop universelle un peu mielleuse, le français nous sert des titres chantés en anglais à la linéarité affligeante et au sérieux frisant le ridicule.

Heureusement ne perdant pas complètement son sens de l’humour et ce côté très Monty Python (attitude très digne dans le ridicule), le dandy qu’il a toujours été nous met dans sa poche avec ce « Platini » à la pop planante où il déploie son côté fantasque barré qui de suite fait sourire réussissant à nous faire fredonner ce refrain « Platini » absolument ridicule mais délicieusement mélodique. Le bougre se débrouille bien.

À la fois pétri de dérision et sérieux, discret et grandiloquent, pince-sans-rire et triste, ce nouvel album de Julien Doré cultive une fois de plus les paradoxes pour mieux nous plonger dans son univers fantasque et à l’esthétique calculé. Inégal, au travers de titres toujours très bien produits et à la sonorité radicale sans être totalement contrastée, « LØVE » réussit via des arrangements véritablement impressionnants à nous convaincre.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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