Véritable pilier d’une nouvelle variété française, Julien Doré a su au gré de ses différents albums nous proposer une vision très travaillée d’une pop assumée. C’est une fois de plus au travers d’un nouvel opus superbement produit et composé que le français nous revient. Cet « Esperluette » possède plus que ses précédentes productions une véritable âme pop, de celle que l’on garde en tête toute une année. 

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C’est avec un « Porto Vecchio » à la pop feutrée et à l’électro discrète que le français démarre cet album. Superbe mise en bouche, cette première composition donne le ton de l’album, entre poésie et pop, entre musique ronde et mélodies addictives. Sans à-coup, Julien Doré déploie son charme dévastateur sans être pédant un seul instant et dessine une musique au vintage granuleux qui respire un art de la musique rare.

Mélangeant avec beaucoup de goût une pop épicée et une électro diffuse il dessine des compositions lumineuses et douces qui nous enveloppent d’un son cotonneux et superbement mis en lumière. On est vite embarqués par cette musique aux basses rondes et très présentes qui ne cessent de nous tourner en tête. On y retrouve cette force saine dont il a toujours fait preuve et ce pragmatisme innovant qui donne au tout un sentiment de renouveau.

Passé maître dans cette approche entre dérision et sérieux « Coco Câline », il réussit à intégrer dans ses compositions des rimes qui chez d’autres apparaîtraient faciles voire ridicules. S’amusant sur ce deuxième titre à modeler un zouk à l’électro très présente, il dessine une fois de plus une composition au background très French Touch tout en mettant en avant cette pop légère et délicate qu’il sait si bien ordonner.

En avançant dans l’album, on découvre que la pop vintage prend ses distances face à une synth pop un peu rigide mais qui fonctionne à merveille sur « Le Lac » ou « Sublime & Silence ». Une fois de plus, le Français multiplie les bonnes idées pour mieux nous enivrer de sa musique à la fois ensoleillée et triste. Car chez l’ex Nouvelle Star, la poésie est partout. Le grain de voix, le phrasé, cette mélancolie ironique dans la voix, cette façon de charmer dès la première note, tout concours à rendre ces compositions irréprochables et vite addictives. Réussissant un mélange électro pop loin des stéréotypes, il nous surprend de cette finesse qui ne semble à aucun moment lui échapper. Sur la corde raide Julien Doré se débrouille comme un chef et trouve à chaque composition l’élément différenciant qui va rendre sa musique indispensable.

Loin de suivre une mode quelconque le français se plait à essayer de nouvelles façon de proposer une pop changeante et toujours aussi feutrée. Julien Doré n’est pas meilleur que lorsqu’il nous propose une musique nue et sans fioriture. Une fois de plus on se repose l’oreille sur cette base Rhodes qui semble nous pénétrer de part en part. Chez l’artiste, il y a cet absolu, cette façon de naviguer dans une pop pleine et entière qui nous enveloppe de ses long bras feutré et nous aide à affronter le quotidien. En sublimant ainsi une pop sans fioritures, Julien Doré créé une musique sorte de fantasme, de boîte secrète excessivement addictive. On écoute cette musique comme on boit de l’eau après un effort.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com