Granville avait déjà attiré notre attention en 2012, avec « Le Slow », titre faussement désuet qui laissait présager du très bon. Les voilà donc de retour avec « Les Voiles » un premier album au charme indéniable.

Dans la lignée du single « Le Slow », on retrouve sur cet album ce style yé-yé teinté de rock qui fait la marque de fabrique de Granville. La voix atypique de Mélissa Dubourg, parfois usante quand elle tend vers l’effet « Coeur de pirate », nous entraîne dans des mélodies simples et sixties. La comparaison avec France Gall, Serge Gainsbourg ou Françoise Hardy est aisée et le groupe ne cache pas ses influences.

« Nancy Sinatra » ouvre le bal avec cette nostalgie palpable à chaque instant, que ce soit dans les arrangements gonflés de delays et reverbs à l’ancienne, et bien sûr dans les textes. « Polaroïd », « La Robe Rouge » sont des hymnes aux temps passés : c’est léger et mélancolique à la fois, désuet et efficace. Une orientation artistique très marquée qui peut finir par lasser au bout de quelques titres, d’autant plus que, comme souvent dans un premier album, « Les Voiles » manque parfois d’un peu de relief, de profondeur et certains titres donnent l’impression de se répéter.

Mais au-delà de ces défauts relatifs, Granville fait preuve d’une force incroyable, celle d’être profondément sincère dans la musique qu’ils produisent, chose rare dans le nouveau rock français. Pas de snobisme exacerbé pour parisiens branchés. Ici la forêt ne frémit pas, Granville ne boit pas et ne danse pas, et c’est bien. Au-delà des classiques comparaisons à la variété française d’antan, le groupe normand lorgne finalement plus vers l’esprit surf-yéyé-punk des Wampas, à savoir des titres simples et efficaces avec juste la prétention de faire plaisir au moment où on les écoute. C’est d’ailleurs dans ces moments les plus rock que Granville est le meilleur. « Jersey », « Macadam » ou les « Les Voiles » font partis de cette catégorie de chansons parfois naïves mais souvent imparables.

« Les Voiles » est un premier album qui, malgré des défauts de jeunesse, témoigne du potentiel énorme du groupe. Les normands se font plaisir en jouant une musique fraîche et débarrassée de tout complexe, et rien qu’avec ça ils peuvent aller très loin.

Marty Tobin
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