/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 18-03-14

Emilie Simon – « Mue »

On savait les albums d’Emilie Simon toujours très travaillés et peaufinés à l’extrême. « Mue » ne déroge pas à cette règle, mais apporte une dimension nouvelle. Dans ce sixième album, un lyrisme du début du siècle porté par un orchestre symphonique se catapulte avec des arrangements modernes et innovants. « Mue » vise dans le mille et relègue au second plan une chanson française poussiéreuse ainsi qu’une « french touch » électro souvent prétentieuse. Un album qui marque incontestablement un renouveau pour Emilie Simon. Et sûrement une des belles surprises française de 2014.

Oubliés les démons du « Franky Knight » de 2011. Le jeu de mot est facile mais inévitable : avec « Mue », Emilie Simon nous revient transformée. Bien sûr on retrouve les éléments qui font indéniablement sa patte : percussions divers, touches électro délivrées avec parcimonie, métallophones en tout genre, et surtout cette voix envoûtante.

Mais avec « Mue », Emilie Simon semble avoir trouver le ton juste, la corde sensible qui manquait parfois aux albums précédents. Les superbes arrangements de cordes y sont sûrement pour quelques chose. Très présents sur des titres comme « Paris j’ai pris perpète » ou encore « Encre », ils ne font que souligner la sensibilité à fleur de peau de chacune des compositions sans pour autant alourdir l’ensemble.

Là où un Woodkid place un orchestre avec la douceur d’un tank, Emilie Simon passe une armada de violons avec la légèreté d’un papillon (qui aurait mué, bien sûr…). « Le diamant » ou « Quand vient le jour » subjuguent par tant de virtuosité. Sur des accompagnements sans cesse mouvants, Emilie Simon tisse des mélodies « à l’ancienne » et résolument modernes.

Mais la montpelliéraine sait aussi se faire plus épurée sur « Les étoiles de Paris », et ça fonctionne tout autant. Normal, les mélodies sont superbes et vont à l’essentiel. Emilie Simon touche juste et l’émotion est palpable à chaque mesure. On passe avec aisance des cordes cinématographiques de « Paris j’ai pris perpète », à la ballade en anglais « The eye of the moon » (comme si Air jouait du Tiersen…), et on voyage aux frontières de l’Asie sur l’excellent « Perdue dans tes bras ». De grands écarts, mais une cohérence étonnante entre chacun des titres. Emilie Simon jongle entre puissance orchestrale et romantisme tout en finesse, et c’est la grande force de « Mue ».

A la fois extrêmement dense et complexe de par ses arrangements, « Mue » n’en reste pas moins très abordable et immédiatement accrocheur. Ce nouvel album d’Emilie Simon est sûrement le plus abouti de sa carrière, trouvant enfin le compromis idéal entre virtuosité technique et émotion. Un équilibre parfait pour un album qui n’est pas loin de l’être.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com

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