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Date d'ajout : 06-03-13

M Pokora – « A la poursuite du bonheur Tour »

Chronique M Pokora - Quai Baco
L’histoire de la musique a toujours été parsemée de concerts mémorables dont les échos traversent les années. Les Who à Leeds, Queen à Wembley, Jimi Hendrix à Woodstock… autant de moments magiques dont la liste vient de s’allonger avec le « A la poursuite du bonheur Tour » de M. Pokora à Bercy.

Aristote a longtemps cherché une définition précise du bonheur, alors qu’il suffit d’1 minute et 54 secondes à M. Pokora pour résoudre le problème. En effet, le concert s’ouvre avec la voix off de Matt qui, sur une musique sobre et discrète genre « Gladiators » ou « Braveheart », nous explique calmement sa vision de ces « sept lettres qui définissent le but d’une existence ».

Pas le temps de souffler, car c’est « Cours » qui débarque. Le gagnant de « Popstars » souffre un peu vocalement. Etonnamment, la chanson écrite pour lui semble trop grave, ce qui explique les faussetés et la rythmique quelque peu aléatoire. Mélodiquement, le jeune Matthieu a un sens du groove bien à lui, il faut le reconnaître. De leurs côtés le duo basse/batterie assure bien, à condition de ne pas trop suivre Matt dans ses variations jazzy. Fin du premier titre. Le public qui avait disparu de l’enregistrement, réapparait subitement. C’est la marque des grands albums Live au son travaillé avec minutie. Tout le long de cet album, on alterne les phases « chansons », au son plat et collé sorti de la console sans aucune ambiance, avec des transitions au public déchainé et aux points de montage plus ou moins subtils.

M Pokora - Quai BacoOn continue à égrainer les classiques du maître avec « Encore plus fort » et sa rythmique house 80‘s hommage à Jeanne Mas. Les choeurs se font plus présents et soutiennent le doux filet légèrement nasillard de Matt, qui décidément peine un peu à se chauffer la voix ce soir.

Arrive ma petite préférée, celle qui reste en tête à jamais : « Juste une photo de toi ». Pour les ignorants, c’est l’histoire d’une fille dont Matt est amoureux et il s’adresse à elle. Chanson émouvante. Tout cela est ponctué de déclics d’appareils photos, une idée venue d’ailleurs, et la magie opère.

« Le temps qu’il faut » avec Corneille est un joli moment de complicité enrobé de froides nappes de synthé et de « pouic-pouic » Mario Bros.

Retour au calme avec « Pas sans toi ». Pour les ignorants, c’est l’histoire d’une fille dont Matt est amoureux et il s’adresse à elle. Chanson émouvante. Le public reprend en choeur les « Tu es ma number one baby », accompagné d’un arpège de guitare du plus bel effet, mais au son quelque peu agressif et clinquant susceptible de faire sauter les plombages des plus sensibles.

Les surprises ne s’arrêtent pas là. Arrive le medley revisité de « Elle me contrôle/Dangerous » en version jazzy pour salle d’attente, puis « Si tu pars ». C’est l’histoire d’une fille dont Matt est amoureux et il s’adresse à elle. Chanson émouvante. Matt parvient ici à émettre des sons inaudibles pour l’homme, mais très appréciés des dauphins.

On repart de plus belle avec « Danse sur ma musique », hommage à peine voilé à Emile et Images, groupe phare de la nouvelle scène française. « Et tu ressens ce que je ressens car c’est la musique qui te parle » : ça fait danser et réfléchir à la fois. Bercy est en feu pour de bon et « On est là » en rajoute une couche. La fameuse rythmique electro/zouk qu’on aime tant fait son entrée et c’est « Boris, soirée disco » à Bercy. René la Taupe et le poussin Piou peuvent se rhabiller, M. Pokora est dans la place et n’oublie pas ses illustres aînés.

« Envole-moi » (en duo avec Tal), puis « A nos actes manqués » en version ensoleillée façon Magic System, nous renvoie vers l’illustre Goldman qui, à la manière d’un Jimi Hendrix de la chanson française, n’a jamais été aussi présent que depuis qu’il ne chante plus. M. Pokora réhabilite avec classe un style trop souvent résumé à La Compagnie Créole ou Franky Vincent. Le zouk RnB prend une nouvelle dimension: « ça fait ok ok! », « c’est bobobobo! », autant de gimmicks chocs intemporels et efficaces. Chapeau l’artiste. Mais Matt jongle d’un style à l’autre avec aisance et « Merci d’être » nous entraîne du côté de la Jamaïque. C’est toujours un peu faux et pas en place, mais l’énergie est indéniable, et c’est bien là l’essentiel.

Autre talent qu’il révèle au public : celui de comédien. Dans une impro bien ficelée, Gad Elmaleh fait irruption sur scène prétendant avoir passé la sécurité. Un sketch criant de vérité où l’on ne sais plus démêler le vrai du faux, mais toujours avec délectation et bonne humeur. S’en suit le tube de Gad, « Petit oiseau », hymne d’une génération qui mérite bien un Bercy. « Juste un instant » clôture le show en feu d’artifice, mêlant émotion (c’est l’histoire d’une fille dont Matt est amoureux et il s’adresse à elle), zouk et synthés 80‘s.

M. Pokora revient une dernière fois avec une version éblouissante du « Hallelujah » de Bastian Baker. Une reprise surprenante et décalée qui nous laisse les yeux pleins d’étoiles… « A la poursuite du bonheur Tour » est décidément un album à mettre à part.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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