/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 25-05-18

Courtney Barnett – « Tell Me How You Really Feel »

Difficile de penser qu’il y a à peine 3 ans, Courtney Barnett était encore inconnue de tous. En effet, forte d’un premier album encensé par la critique et adoubé par ses pairs, la jeune Australienne nous revient pour un second album en forme de déclaration d’amour à un rock éminemment féminin et puissant qu’elle construit sur des bases naviguant antre rock à papa et grunge granuleux. On y découvre une jeune femme assumant parfaitement son approche talentueuse et sa force mélodique. 

Courtney Barnett - « Tell Me How You Really Feel » : La chroniqueCreusant dès les premiers titres un folk aux sonorités granuleuses « City Looks Pretty », l’australienne nous hypnotise de son approche à la fois dynamique et envoûtante qui la caractérise. Pleine d’une granularité au bordélisme salvateur « Hopefulessness », elle cogne un folk des plus timoré dans une musique aux accents rock. On est comme envoutés par cette musique mélangeant une multitude de couches musicales et qui ne cesse de nous apostropher de son approche sale . Il y a chez Courtney Barnett une sorte d’insubordination qui donne à ses musiques un sentiment  de liberté rare.

Elle nous impressionne de son côté garçon manqué et de cette nonchalance constante dont elle alimente avec beaucoup de malice ses compositions. On y retrouve une Courtney Barnett à l’aise dans ses converse mélangeant folk et rock pour un rendu toujours très bruyant et excellemment mis en lumière. Cassant les codes de styles sur-représentés, elle dessine une musique qui progressivement prend une ampleur folle dans des compositions taillées sur mesure. Chez Courtney Barnett la musicalité coule de source. Transformant tout ce qu’elle joue en or, la jeune australienne n’a pas son pareil pour nous entraîner dans son univers où douceur et brutalité font bon ménage. Rigoureuse sur ses constructions mélodiques, elle nous entraine avec un sens de la composition rare dans une musique qui n’appartient qu’à elle. Le génie de la jeune australienne est de trouver à chaque fois une façon de nous raconter l’histoire avec ce qu’il faut d’instrumentation.

Elle fait mentir tout ceux qui voient en la jeune surdouée une égérie folk et rien d’autre. Non, Courtney Barnett nous en met plein les oreilles de son rock gras aux mélodies enveloppantes. On se laisse prendre au jeu de ces constructions travaillées qui ne cessent de se transformer au fur et à mesure de la composition. L’australienne ne se vautre pas dans un rock banal mais réussit à en faire ressortir une approche unique et diablement entraînante. À coup de riffs tous plus dévastateurs les uns que les autres, elle transpose son approche folk dans un rock aux reflets dissonants qui donne au tout un air de franche liberté.

Sa voix atypique ne cesse de nous obséder sur ce nouvel album. Véritable point d’ancrage de l’ensemble de sa discographie, cette voix transforme une composition classique en un chef d’œuvre rock folk. Follement créative, Courtney Barnett ne cherche jamais la facilité et nous sert une musique sans équivalant qui ne cesse de se transformer au fur et à mesure de l’album. Bondissante sur « Nameless, Faceless » (aidée de la guitare et de la voix de Kim Deal membre des très bons The Breeders) multipliant pourtant les parties sans perdre en puissance, la jeune australienne nous souffle de son talent hors norme qui la voit multiplier les tubes sans se prendre une seule fois la tête et en gardant cette attitude nonchalante qui doit en énerver plus d’un. Creusant avec panache un style des plus usité elle réussit tout de même à imprimer sa patte avec élégance et force.

Montant progressivement en puissance c’est sur le presque punk « I’m Not your Mother, I’m not your Bitch » que la puissance rock de l’australienne prend tout son sens. Courtney Barnett dévoile son potentiel rock sur ce titre qui en presque 2 minutes met tout le monde d’accord. Puissante, jouant la vulgarité avec ce qu’il faut de finesse elle prouve avec talent sa capacité  folle d’adaptation. Presque punk sur ce titre elle défonce complètement sa composition avec une grâce surnaturelle et une approche qui forcément force le respect et met les mâles à distance.

Il n’y a pas à proprement dit de morceau « faible » dans ce nouvel opus de Courtney Barnett. Tout les titres portent en eux ce rock mâtiné de grunge qu’elle réussit si bien à composer. On se laisse emporter par ces constructions qui à chaque fois nous surprennent et ne laisse que peut de place à l’attendu. Avec un tact phénoménal elle nous transporte dans son univers plein de ce mélange folk rock grunge qui déborde de riffs tous plus enveloppant les uns que les autres. Multipliant les prises de risques et les bonnes idées proche parfois de l’expérimentation, Courtney Barnett a cette faculté à tout transformer en une approche saine et diablement envoûtante. Fille au charisme élégant et troublant, Courtney Barnett en joue à merveille une fois de plus dans ces titres aux mélodies savamment travaillées qui ne cessent de s’imposées à nous comme unique et entêtantes.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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