27 Letters – « Projection »
Dans leur premier album « Projection », les Bruxellois de 27 Letters nous plongent dans un univers sonore où l’électronique et le classique s’entrelacent avec audace. Dès l’intro, le duo pose les bases d’une atmosphère cinématographique envoûtante, rappelant l’approche de WoodKid mais avec une signature unique. Les vagues sonores successives nous emportent dans un voyage où les cordes dialoguent avec des rythmiques syncopées, créant une tension délicieuse entre tradition et modernité.

François et Romain exploitent brillamment leur complémentarité artistique. Les orchestrations classiques de Romain trouvent un écrin parfait dans les arrangements électroniques de François, évoquant par moments les univers de Les Gordon ou Marc Mifume. Chaque morceau est imprégné d’une mélancolie diffuse qui touche l’âme, portée par des compositions aux transformations superbement maîtrisées. Les titres comme « Cinema » et « Swell » illustrent parfaitement cette capacité à caresser le passé tout en happant le présent.
L’album se distingue par sa construction méthodique, avec une structure rappelant les codes classiques (intro, interlude…), tout en proposant une expérience sonore résolument contemporaine. Dans « Noon » et « Odyssey« , le duo déploie un sens consommé de l’orchestration, superposant les couches musicales pour créer une électro vaporeuse et riche qui ne cesse de se réinventer. Les violons s’entrechoquent avec les basses dans un ballet sonore captivant.
On note toutefois une légère baisse de régime dans la seconde partie de l’album. Des titres comme « Is This Love » semblent délaisser l’approche classique qui fait pourtant la force du projet. « Pictures » et certains morceaux suivants adoptent une formule plus standardisée, où les éléments classiques se font plus discrets, réduits parfois à de simples ornements dans une structure électro plus conventionnelle.
Malgré ces quelques faiblesses, « Equinox » et « Versions » concluent l’album en retrouvant cette fusion électro-classique si particulière. 27 Letters réussit globalement un coup de maître avec ce premier opus, proposant une musique qui nous transporte dans un monde intemporel. Leur approche à la fois sereine et dynamique, rappelant par moments Sébastien Schuller, impressionne par sa maturité et sa capacité à transformer chaque morceau en hymne électro doux et salvateur.
Nos coups de coeur : NOON, CINEMA
Note : 8.5/10
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com
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