Pussy Riot : Et si la justice russe avait raison ?
La Russie se sent fustigée par la communauté internationale depuis qu’elle a condamné le groupe punk Pussy Riot. A tort ou à raison ? A chacun de se faire sa propre opinion.
« Pourquoi critiquer la loi pénale d’un pays quand la sienne est aussi dure ? » C’est l’argument numéro un des autorités russes et de Sergueï Lavrov, premier membre du gouvernement russe, face à la fronde occidentale surgie après la condamnation sévère des Pussy Riot.
« En Allemagne, le sacrilège dans les églises est passible d’une peine allant jusqu’à trois ans de prison, en France jusqu’à deux ans je crois, en Autriche six mois et en Finlande également deux ans. Je viens de lire qu’en Israël un homme a été condamné à deux ans de prison pour avoir amené la tête coupée d’un cochon sur la montagne sainte. » (Le Nouvel Obs, 20/08/2012)
La Russie n’a pas tout à fait tort. Qui sommes-nous pour donner des leçons ? Quand les policiers marseillais arrêtent une dizaine de personnes cagoulées façon Pussy Riot lors d’une manifestation de soutien et qu’ils justifient l’arrestation sous couvert de la loi anti-burqua, on se dit qu’on n’est pas si loin de l’intransigeance russe…
Partout ou presque, dans tous les pays, le saccage des lieux de culte est sévèrement puni par la loi. Pourquoi en serait-il différemment en Russie ?
Comment aurait-on réagi si des opposants à François Hollande étaient venus perturber une messe ou saccager une mosquée en France ? Certes, il n’y aurait peut-être pas eu deux ans d’emprisonnement, mais la sanction aurait bien été là.
Les Pussy Riot, un gros casier
Ce n’est pas parce que les Pussy Riot ont critiqué le pouvoir en place qu’elles ont été condamnées, c’est parce qu’elles ont fait ça dans un lieu de culte. C’est en tout cas ce que martèlent les autorités russes et ce que semblent oublier les médias occidentaux dans leurs critiques.
Là encore, la Russie n’a pas tout à fait tort. Car si le pouvoir russe était si autoritaire que les journaux français veulent nous le faire croire, il y a bien longtemps que les Pussy Riot auraient été arrêtées. En effet, le groupe punk n’est pas à ses premiers faits d’armes. En décembre 2001, trois membres des Pussy Riot s’étaient hissées sur le toit d’un centre de détention pour demander la libération des prisonniers politiques arrêtés quelques semaines plus tôt dans des manifestations.
Les Pussy Riot revendiquent faire partie du collectif d’art contemporain de gauche Voïna (traduction de « la guerre » en russe). Nadezhda Tolokonnikova, une des trois membres condamnées à deux années d’emprisonnement, est d’ailleurs mariée à Pyotr Verzilov, un des responsable de Voïna.
Qu’y a-t-il de mal à faire partie d’un collectif d’art contemporain ? Sur le papier, absolument rien. Mais dans les faits, le groupuscule pousse parfois le bouchon un peu trop loin, comme le souligne Alexandre Latsa, un chroniqueur français installé en Russie.
On retrouve ainsi notre Nadezha Tolokonnikova enceinte dans une partouze mise en scène le 29 février 2008 dans le Musée national de biologie de Moscou. Le slogan de l’opération, « J’encule Medvejonok », est en référence au président Medvedev fraîchement élu.
Parmi les autres opérations « coup de poing » du collectif, on peut citer les actions suivantes :
- Se masturber avec du poulet dans un supermarché et en sortir avec la carcasse enfoncée dans les parties génitales. (Voir la vidéo)
- Humilier un policier chez lui. (Voir la vidéo)
- Dessiner un pénis géant sur un pont-basculant. (Voir la vidéo)
- Détruire des véhicules de police. (Voir la vidéo)
Doit-on associer le nom des Pussy Riot à toute action de Voïna ? Non, bien entendu. Mais cela permet de réaliser que les trois jeunes filles incarcérées vendredi ne sont pas des enfants de choeur. De là à les condamner à deux ans de prison pour provocations à répétition ?
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S.L.
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