Issus de la très bonne écurie Microqlima, Pépite nous proposent un premier album à la pop colorée et mélancolique. Composé de Thomas et Edouard, le duo nous sert un « Virages » plein de poésie aux couleurs pastel. Se revendiquant d’une certaine variété allant de Christophe à Michel Berger, les français cultivent un chic à la française dans une pop soyeuse et délicate qui nous enveloppe rapidement.

Dans une électro printanière dès « Fléches » , premier titre de cet album, le duo nous apaise de cette musique doucement virevoltante et tendre se perdant dans une écume synthétique. En Français dans le texte, Pépite nous illumine d’une électro pop brillante et gracieuse qui se plait à se perdre dans une mélodie diablement entêtante. On est de suite conquis par la façon dont le duo travaille ses sonorités supplantées par une voix baignée de réverb qui vite nous hypnotise.

Nous entraînant dans une sorte de virée nocturne en taxi, on se retrouve à la fois conducteur et passager d’une vie que l’on voit défiler par la fenêtre. Dans « Feu Rouge » , les français ont ce pouvoir de nous permettre de prendre le large sur notre vie, de regarder en arrière le chemin parcouru. Dans un swing presque rock, Pépite nous sert une composition des plus attachante ou l’on voit défiler un paysage à la mélancolie sous jacente. Car les Français savent impressionner de leur approche mélancolique avec une maîtrise technique folle. Multipliant les sonorités travaillées et atypiques ils nous captent avec soin.

La pop faussement légère des Français « Tant de peine » , « Silence Radio » possède un pied dans une électro pop à la mode et l’autre dans une expérimentation populaire qui les voit jouer avec des mélodies entraînantes. Ce mélange qui paraîtrait à première vue contre nature fonctionne à merveille car les Français n’ont pas leur pareil pour nous transporter dans une ambiance de virée nocturne présente sur l’intégralité de l’album. Avec un soin particulier dans la réalisation Pépite produit une musique hype et populaire à la fois, conceptuelle et gracile.

On ressent aussi bien la pop de Daho comme celle de Julien Doré sur ces différents titres qui ne cessent de nous entraîner dans une approche colorée d’une pop extrêmement maîtrisée. Baignée de claviers aux criard feutré , la musique des Français dessine une pop aux couleurs profondes à l’image de cette pochette. On y retrouve ce qui fait le sel de la musique de Pépite, une esquisse d’un univers entre le jour et la nuit. Car la musique de Pépite parle de façon sous entendu de ces moments suspendu où la fatigue nous fait casser nos barrières de pudeur. La musique de Pépite parle de ces moments précieux ou l’on est soi et où on ne se cache pas derrière un personnage, ces moments suspendus où la mélancolie revient par vague.

Il y a chez Pépite ce mélange d’electro et de chanson française. Dépoussiérant le style par la coloration de leur instrumentation, Pépite trouve son chemin au travers d’une instrumentation travaillée multipliant les couches synthétiques pour un rendu des plus gracieux. Ce premier album de Pépite est tout en reflets, de ceux qui tremblent dans la nuit, qui apparaissent et disparaissent furtivement à la lueur d’un lampadaire ou de phares. La musique des français nous entraîne dans un monde où les couleurs profondes viennent égayer de leur mélancolie une vie passé à courir, à ne pas voir le temps passé. Une pause qui fait un bien fou!

Arnaud Le Tillau
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