Originaires de Lyon et déjà auteur d’un premier EP sorti en 2016, le duo Mountain Mountain remet le couvert pour un album de toute beauté ou leur dream pop tutoie les sommets grâce à une approche audacieuse et feutrée d’une électro pop loin des canons du genre. Dessinant une musique entêtante et pointue sans n’être jamais élitiste, les français nous offrent un premier album intitulé « Aerial » qui se veut pleinement cotonneux et aérien. 

On est comme plongé dès « Overture to Aerial » , sorte d’introduction courte et efficace, dans le bain électro des français. A l’heure du single roi et de la digitalisation à outrance, les lyonnais font un pied de nez à l’époque en nous proposant un album au concept sobre et clinquant. Posant les bases d’une musique aérienne et conceptuelle, ils nous entrainent de suite dans leur univers léger et flottant qui fonctionne à merveille  « I should have done it anyway ». Dans une pop étouffée et feutrée, Mountain Mountain dessine un titre léger aux basses clinquantes qui nous cueille dans une sobriété très prenante. Travaillant un groove à la pop scintillante, ils nous poussent vers une musique à l’électro abordable et scintillante. Travaillant une composition aux mélodies mélancoliques, le duo mélange folk et pop dans un tout à l’électro très présent qui vient nous caresser les oreilles. Il y a une douceur qui ne se veut pas une seule fois mièvre dans cette musique en constante transformation. 

Apportant une fraîcheur bienvenue dans une pop lente aux sonorités synthétiques, Mountain Mountain travaille une approche contemplative d’une musique délicieusement codée « I’m Open To The World » . Telle une pâtisserie, les compositions du duo lyonnais n’ont pas leur pareil pour nous contenter d’un sucre rapide à la pop précise. Jouant sur une mélodie qui n’en finit pas de nous tourner en tête, les français nous apaisent de leur pop douce et aérienne qui doucement s’installe dans la longueur pour mieux nous hypnotiser de leurs bonnes ondulations. Il ya quelques chose de mystérieux dans cette pop ronde et superbement orchestrée qui multiplie les phases aux sonorités diffuses et riches.

Travaillant avec un soin particulier l’esthétisme de l’intégralité de leurs titres, le duo bascule parfois dans une sorte de French Touch éminemment addictive sur «  King of the universe » ou « The Whole Picture ». Nous entrainant dans un mélange de pop et d’électro Mountain Mountain brouille une nouvelle fois les pistes sur ces titres très audacieux mixant expérimentation et grandes envolées électronique. On est complètement embarqué par ce mélange superbement dosé que les lyonnais réussissent à proposer dans un numéro d’équilibriste assez bluffant. Paraissant plusieurs titres en un, ces morceaux n’en finissent pas de nous surprendre par leur profondeur et leur capacité à multiplier les bonnes idées dans un tout qui oscille entre électro grandiloquente et pop intimiste.

Véritable pièce maîtresse de cet album « Lana Pt.1 » et « Lana Pt.2 » qui font à eux 2 près de 8 minutes, nous embarquent dans un tunnel sans fin d’harmonies. Sur des compositions qui au premier abord flairent bon la pop assez universelle, les français s’insinuent progressivement dans le background pour corrompre le logiciel et nous offrir un splendide feu d’artifice qui voit ces différentes compositions se décomposer en une expérimentation haute en couleur qui nous met à chaque fois les poils. Mountain Mountain multiplie les bonnes idées pour un morceau qui plonge la tête la première dans une instrumentation dantesque. Les guitares peu à peu rugissent et les sonorités deviennent extravagantes. Le tout semble ne plus avoir de guide et le résultat est une explosion pop au rythme lent et écrasant qui nous cloue sur place.

Comment ne pas tomber amoureux de la musique de Mountain Mountain , rappelant parfois farouchement AIR dans ces phrases de basse et ses synthétiseurs antiques. On se laisse prendre au jeu de cette musique hypnotisante qui n’a de cesse de nous entrainer dans l’univers onirique d’un duo aussi à l’aise dans la pop universelle que dans une électro à la limite de l’expérimentation. Dans une douceur mélancolique, sorte d’été indien sans fin, la musique du duo sur ce premier album nous impressionne par sa capacité de transformation et son audace addictive. Dans un esthétisme très précis, les lyonnais nous enveloppent de leurs trouvailles sonores et l’on se fait progressivement submerger par cette vague à l’électro pop enthousiasmante. 

Arnaud Le Tillau
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