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Date d'ajout : 17-10-14

Maryse nous parle de son EP « DAMDAMIN MO »

Interviewer par Quai Baco peu avant l’enregistrement de leur Ep « DAMDAMIN MO », Maryse s’est de nouveau confié à nous afin d’évoquer son nouvel EP à l’univers onirique et planant, véritable invitation au voyage. Rencontre avec Marie-Christine et Marierose Laurel.

Maryse nous parle de son EP « DAMDAMIN MO »« Damdamin mo », c’est le titre de l’intro, de l’outro ainsi que de votre EP. A quoi correspond ce nom et qu’avez vous cherchez a exprimer à travers ce titre?

Marierose : « Damdamin mo » signifie « ressens ». Cette idée à été le fil conducteur du disque. Marie-Christine en a écrit les paroles. « Echo », un des titres, parle d’un tremblement de terre, d’un grondement de tonnerre, d’un danger que les animaux ressentent les premiers avant que les hommes comprennent l’enjeu en tentant de fuir dans les montagnes. Lieu Dit, est une fable, où les émotions sont les acteurs de l’Histoire.

Quant à intro et outro, ce sont des couleurs du morceau Damdamin mo qui n’est joué intégralement qu’en concert! Un choix de notre part.

Marie-Christine : On utilise ce titre comme un mantra, il est question de pouvoir vivre la musique à travers le corps. A chaque concert, j’ai l’habitude de partager avec notre public un mot en philippin, quand j’ai commencé les concerts avec ma soeur, le mot était SALAMAT, qui veut dire merci. Puis, lorsque la tribu nous a rejoint, le mot d’ordre était SAYAW qui veut dire DANSE. Aujourd’hui, avec notre EP, le mot est DAMDAMIN MO, c’est une célébration à la vie – ce qui implique indubitablement la mort, mais pour ma part, il s’agit précisément de ressentir, ce qui signifie être vivant.

Le titre « Huit femmes puissantes » possède des sonorités asiatique et a un côté linéaire au niveau de l’intensité comparé à « Lieu dit », « Echo » et « Sayaw ». Qu’elle est l’histoire de ce titre ?

MR : « Huit femmes puissantes » est un titre de la bande originale que nous avons composée pour le documentaire Princesse de Bossedi de Josza et Emmanuel ANJEMBE. Ils sont eux aussi jumeaux, et Manu (Emmanuel) qui connaissait notre musique souhaitait que nous collaborions ensemble. Lors d’un dîner tous les 4, nous avons évoqué nos différences et ressemblances culturelles et éducationnelles. Par contre Huit Femmes Puissantes se situent entre l’Afrique et la France. Nous nous sommes inspirées de leur histoire pour écrire les titres. Nous avions dans la tête le baobab du village, le fleuve, la terre, la nostalgie de l’enfance et l’histoire de cette famille marquée par des identités plurielles au gré de leurs ancrages géographiques…

MC : La rencontre avec les réalisateurs a été intense, ils sont de la même génération que nous issus de parents immigrés, avec des questions identitaires fortes. Des ressemblances communes avec notre musique. La question de MADE IN quant à notre musique nous est souvent posé. Tu parles de sonorités asiatiques, d’autres parleront de sonorités africaines… Nous sommes des êtres hybrides d’influences multiples. Le morceau 8 femmes puissantes a cette linéarité, comme le cours de l’eau, hypnotique, rassurant… Les boucles dans ce morceau et sa progression permettent à la fois une répétition et aussi un défilement. Comme des gestes répétitifs qui permettent cependant de faire avancer, c’est l’idée de la roue.

Pouvez-vous nous parler du tournage de votre dernier clip « Lieu Dit » ?

MR : Le clip Lieu Dit est un projet de plusieurs années d’images. Lamontagneabandonnée en est le réalisateur, c’est d’ailleurs lui qui a réalisé tous nos teasers. C’est un poète dont nous admirons beaucoup l’univers.

Le storyboard s’est construit sur le principe de l’écriture automatique. Sur les lieux du tournage, nous ne savions pas toujours ce qui allait être tourné au bon vouloir de notre réal! Il y avait une forêt qu’il avait particulièrement aimé, mais après avoir tourné dans d’autres forêts, nous avions dû retourner à la première qui se trouvait à des centaines de kilomètres!! pour y retrouver toute la magie qu’il avait pressenti.

Nous connaissions les personnages de la fable, mais pour se nourrir, il s’inspirait du lieu, du temps…

Le soleil, le vent et le ciel, ont un rôle aussi important que les personnages de Lieu Dit. Ils s’expriment à la manière des saisons.

MC : Je tiens à le signaler, ce n’est que mon interprétation du clip 🙂 Le réalisateur a réussi à s’introduire finement dans un espace privilégié qu’est notre relation gémellaire. Entre ma sœur et moi, il existe des interstices où se glissent et peuvent se cacher des émotions refoulées, des envies, de la bienveillance… entre jumelles. Ce conte que lamontagneabandonnee propose est un regard sur ce fantasme de s’affranchir du regard de l’autre pour exister et embraser le monde. Or, nous existons au regard de l’autre. D’où cette fin, où les deux soeurs se retrouvent après cette traversée, on voit une scène où on a l’impression qu’elles sont dans le ventre maternel qui est le lac au pied des montagnes.

Il y a d’une part le morceau, LIEU-DIT. J’avais proposé ce titre à Marie-Rose, car ce qui m’intéressait dans la signification de ce mot c’est qu’à partir d’un qualificatif lié à un espace (le relief, le paysage, les voies de communication) cela va donner naissance à un lieu-dit. Ce morceau est une sorte de carte mentale de nos émotions nous conférant un certain état. Nous traversons ainsi plusieurs « lieu-dit » l’incertitude, l’émerveillement, la peur…

Puis, il y a ce magnifique conte musical proposé par le réalisateur. Cette carte de nos émotions dessine un décor gorgé de paysages intemporels où apparaissent des personnages mi-homme mi-animal qui incarnent des divinités qui traduisent nos émotions primitives, le désir, la colère, la sensualité. En termes de storyboard, si tu veux, il y a Araw qui part à la découverte de l’émerveillement guidée par ses pulsions. Gabi,elle, la poursuit et est le témoin des vestiges causés par sa soeur. Au contact de la vie, Araw contamine et fait apparaître l’envers de la beauté, les meurtrissures apparaissent. A la fin de la traversée, on aperçoit Araw du haut de son trône, un sapin où pendent des charognes telle une offrande. Pour ma part, cette scène me fait penser à un sapin de Noël avec ces fleurs rouges dans la bouche des animaux morts, cela rappelle les boules de Noël, Araw n’est pas l’étoile filante qui illumine, elle éblouit… seule la vie et la mort pendent à notre cou. Enfin, c’est là mon interprétation !

Propos recueillis par Sébastien Hochet


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