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Date d'ajout : 11-02-19

Lou Doillon – « Soliloquy »

Dans la famille Birkin les talents s’empilent sans jamais s’entrechoquer. Que cela soit Charlotte Gainsbourg ou Lou Doillon, la musique s’est invitée au cœur de leur carrière comme une évidence. Nous entraînant dans une pop au synthétique raffinée, Lou Doillon signe un 3ème album à l’instrumentation travaillée et diablement addictive qui explore une électro nuancée. Avec une classe naturelle, la jeune trentenaire nous convainc avec panache de sa pop au design épuré et chic.

Lou Doillon - "Soliloquy" : La chroniqueDès les premières notes de « Brother » , Lou Doillon nous entraine dans un premier titre au synthétique délicat. Avec un sens de la diction unique, elle construit un premier titre extrêmement travaillé à la pop pointilleuse et précise. On se laisse prendre au jeu de cette musique simple d’abord mais complexe en terme d’instrumentation qui ne cesse de nous faire vibrer de son âme puissante. Elle fait vaciller sous ses doigts une pop écalante et brillante qui au travers de sa voix unique nous entraine dans les profondeurs d’un univers au talent insondable.

Ne souffrant d’aucun mauvais goût, Lou Doillon en anglais dans le texte n’a pas son pareil pour nous proposer une musique au design étudié. En forme de composition haute couture, la jeune trentenaire intègre une exigence hors norme dans ces musiques qui sous des dehors assez classiques sont des monstres de précisions et d’arrangements. Mêlant electro fringante et classique enveloppant, Lou Doillon dessine un univers au feutré saturé et à la brillance mat qui ne cesse de nous faire frissonner sur « The Joke » . Il y a comme un relent de French Touch « All These Nights » dans ces titres pleins de ces mélodies à la mélancolie sourde et diablement entrainante. On se laisse porter par cette approche douce et grinçante qui sous une instrumentation au synthétique excessivement bien amenée nous fait plonger dans univers où la saturation vient parfaire une oeuvre au design froid et addictif.

Brillante dans son approche, Lou Doillon nous désarme de la facilité avec laquelle elle épouse des compositions taillées à sa mesure. Dans un concert d’électronique superbement bien ordonné, Lou Doillon s’impose en chef d’orchestre d’une pop puissante et vibrante tout en restant fine et sobrement chic. Audacieuse dans ses choix, le jeune femme virevolte avec classe sur une instrumentation enlevée et dynamique avec un sens de la mélodie rare.

S’autorisant sur « Burn » une once d’agressivité en forme de punk rock feutré, Lou Doillon utilise le rock avec parcimonie dans une pop qu’elle égratigne avec un sens toujours si précis de la composition. Multipliant les très bonnes idées musicales, elle transforme chaque titre en une oeuvre graphique possédant une matière musicale qui ne cesse de se transformer. La musicalité de Lou Doillon s’exprime au travers d’une musique riche et complexe dans sa composition qui nous entraîne sur les pentes d’une approche personnelle et graphique.

Ce « Soliloquy » apparaît clairement comme l’album le plus abouti de Lou Doillon. Débordant d’une personnalité hors norme, ce 3ème opus dessine une jeune trentenaire à l’aise avec son époque et s’imposant dans un déluge de bonnes ondes toutes plus travaillées les unes que les autres. Élégante et nuancée, fragile sa voix pleine d’air qui nous fait frissonner de son grain unique, Lou Doillon nous entraine dans un univers sensible et diablement addictif que l’on se plait à écouter avec passion. Il y’a quelques chose d’unique dans cette musique, quelque chose qui ne s’explique pas, qui est de l’ordre du ressenti, une sorte de mélange entre cette voix désarmante, intimidante parfois et ces compositions douces et solides à la fois qui ne cessent de nous hanter.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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