/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 01-02-16

La Maison Tellier – « Avalanche »

Originaire de Rouen, voilà près de 10 ans que La Maison Tellier nous envoûte de sa folk pop de très grande qualité. Cinquième album, cette « Avalanche » enregistrée à la montagne, porte en elle cette pop simple et sobre qui fait leur marque de fabrique. Pourtant cette fois-ci, les Français semblent avoir été plus loin et nous servent un opus fort, dense et voluptueux dans lequel il fait bon se réfugier.

Dès les premières mesures, l’on retrouve avec joie la voix de Yannick Marais leader de ce groupe pas comme les autres. Dans un « Cinq est le nombre parfait » mélange de pop acoustique et électrique, les Français impriment avec classe leur signature dans un style mainte fois travaillé. Rapide, la composition nous plonge dans cette variété de très bonne facture qui, bien qu’utilisant des sonorités sans grande originalité, parvient à nous envahir et à nous porter dans une mélopée douce et enivrante. Il y a chez la Maison Tellier cette fraîcheur répétitive qui nous fait un bien fou, qui donne au tout une certaine sérénité.

Simples et grandement récréatifs, les titres s’égrènent comme autant de bonnes ondes que l’on ne se lasse pas d’entendre. Que cela soit sur « Amazone » ou le très beau « Beautiful Again », il se dégage de cette musique une mélancolie forte qui ne nous écrase pas, une sorte de Madeleine de Proust universelle. Les Rouennais, sans prendre beaucoup de risque, se laissent porter par une variété des plus douces et nous offrent des titres aux contours ronds et agréables dans lesquels on s’immerge avec plaisir.

Mais c’est sur les titres « Quelqu’un d’autre » et surtout le sublime « Haut, Bas, Fragile » que l’album prend un virage beaucoup plus profond. Dans une sobriété touchante, La Maison Tellier construit deux morceaux fins et racés dont on ne sort pas totalement indemnes. De sa voix ronde et fragile, Yannick Marais nous caresse de cette sobriété superbement travaillée et aux nuances folles. On est comme transporté par cette profondeur soudaine, cette façon de nous balancer un texte fort dans un écrin à la sobriété frissonnante qui au fur et à mesure prend une ampleur folle.

La suite de l’album joue le jeu de la composition pop folk mais ne réussit pas à atteindre la perfection des précédents titres. Répétitif sur « En toute chose » ou « Où sont les hommes ? », le rock 90’s déployé dans ces morceaux rate un peu sa cible. Utilisant une électro vintage avec un véritable sens de la mélodie sur « 23h59 » et revenant à folk en forme de patchwork sonore sur le très bon « Garçon Manqué », les Français semblent reprendre un peu de poil de la bête sur une fin d’album agréable.

Album riche et dense, « Avalanche » semble creuser l’écart entre La Maison Tellier et une grande partie de la chanson française. Multipliant les très bons titres, ils mélangent fatalisme et espérance dans des compositions résumant avec beaucoup d’aplomb et de pertinence le ressentiment actuel de cette société en forme de trompe l’œil. Frissonnants à plusieurs reprises, La Maison Tellier nous sert un album charnière qui risque fort de les voir squatter les premières places pour un bon moment.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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