/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 06-03-18

L – « Chansons »

C’était en 2015, L. signait sous son propre nom un album aux accents electro excessivement bien construit mais qui apparaissait pour certains de ses fans comme une transgression impardonnable. Cette fois ci L. signe sous son pseudonyme un album aux accents classiques intitulé sobrement « Chansons ». Musicalement beaucoup plus proche de son premier album, ce nouvel opus fait la part belle à une chanson française de très grande qualité. Proche du chef d’œuvre ce « Chansons » nous enivre de sa sobriété et de sa puissance rarement égalée.

L - « Chansons » : La chroniqueÉlégance de mise, détaillant une langue française dans des textes puissants et poétiques, Raphaële Lannadère nous enveloppe d’une musique sobre et ronde aux arrangements classiques et diablement envoûtant. Nous berçant de son texte dentelle, elle nous embarque de sa voix sortie d’une autre époque. Pleine et entière, puissante et caressante, L. nous croque tout cru de sa délicatesse et l’ont est comme emporter dans cette valse « La Meuse » qui ne dit pas son nom et qui nous ouvre doucement son univers aux rondeurs délicieuses. Frissonnante dans son interprétation, elle dessine un premier titre dans la droite ligne des grands noms de la chanson française. Délicatesse de l’instrumentation, sertissage des compositions, tout dans l’approche de L. nous fait dériver vers un univers doux et posé qu’elle se plait à construire avec bienveillance.

Dans des compositions écrites du bout des doigts, elle parsème de sa voix douce et subtile, une instrumentation de haute volée qui nous enveloppe « Ton enfance ». Précise dans son placement vocal aussi bien que dans un background aux nuances folles, L. pose sa voix sur une forêt de corde qui nous fait de suite frissonner. Il y a dans l’instrumentation de la française une exigence et une subtilité rare. Dessinant une chanson française en forme de concerto pour corde, elle s’appuie sur la musique classique et des compositions aussi bien mélodiques qu’innovantes pour nous faire passer ses mots et ses instants qu’elle transcendent à chaque accord.

L. nous submerge de son talent sonore dans des compositions XXL. Jouant sur toutes les nuances des cordes à l’image du très beau « Laisser Passer », elle réussit à capter chaque son pour un rendu extrêmement changeant qui ne cesse de nous impressionner à chaque accord. Multipliant les bonnes idées au travers d’une connaissance et d’un travail méticuleux des instruments à corde, elle surplombe sans pédance une chanson française de très haute qualité. Conceptualisant avec entrain une musique stylée, elle s’entoure d’une instrumentation proche de l’orchestre pour mieux faire vibrer ces textes ciselés.

Il y a une gravité dans l’approche de L. sur des titres comme « Orlando » ou « Ta Ville ». Sans en faire des tonnes, la française décrit un monde cassé s’enfonçant doucement dans une folie insondable. Le résultat est un agencement de mélodies au graphisme puissant et pointu qui dans un feutré rempli de mot nous berce. Puissante sans jamais élever la voix, L. bâtit son style avec force. Jouant avec les cordes, elle réussit à graver une musique aux émotions fortes et distinctes qui s’entremêlent. Dans un sérieux de rigueur L. trace une musique dans la droite ligne d’une Barbara par cette façon qu’elle a de poser une poésie avec sobriété dans un univers noir et dramatique.

Il y’a quelque chose d’universel dans la musique de L. qui touche au plus profond de notre être. Travaillant une musique aux reflets graves et solennels, elle nous entraine dans une chanson française monochrome à l’esthétisme intemporel qui réussit à nous faire frissonner de cette sincérité grave et entière. Mélange réussi d’une Barbara, d’une Camélia Jordana et d’une Emily Loizeau, L. nous enivre de son acoustique unique et de cette chanson française aux grandes envolées qui ne nous prend jamais de haut. La française ne cesse de nous envoûter de ses grandes compositions aux violons enchanteurs et aux paysages musicaux grandioses. Véritable album référence d’une chanson française à la classe insondable et à la sobriété ravageuse, « Chansons » nous sert des compositions aux instrumentations au dessus du lot qui nous emportent dans un univers rare et enivrant. À ne pas manquer!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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