/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 01-12-15

Raphaële Lannadère – « L »

C’est en 2012 qu’éclata au grand jour le talent de L alias Raphaële Lannadère dans un « Initiale » raflant toutes les récompenses. Déjà à l’époque chez Tôt ou Tard, la jeune française se révèle être une véritable perle aussi bien d’un point de vue musical que textuel. Quelques années ont passées, et elle nous revient sous son véritable nom dans un « L » assumé et flamboyant.

Très constructive dans son approche de la chanson française, Raphaële fait partie de cette génération bercée aux chansons de Barbara capable de mêler instrumentation innovante et tradition de la chanson française sans tomber dans une caricature électro pop. Sur un « J’accélère » percussif, elle nous emporte dans un choc de culture qui donne au tout un délicieux goût de transgression très addictif.

Sur ce « L », la jeune française pimente sa variété d’un show musical haut en couleur qui ne dénature aucunement le message. Transperçant de sa brutalité électronique dans un « Sur mon île » abordant la mafia Sicilienne, elle touche du doigt une sobriété élégante qu’elle réussit à disséminer sur chacun des titres. Froideur musicale et chaleur vocale semblent être les deux axes de la musique de ce « L ».

Tel un souffle sur l’infiniment doux « Dans mes sommeils », sa voix semble parfois s’effacer pour mieux rebondir et nous livrer dans une grâce folle une mélodie lancinante. Dessinant sur des textes magnifiques un univers des plus délicat, Raphaële Lannadère nous enveloppe de ses envolées singulières.

Telle une grande dame de la chanson française, sa voix magnifique entre souffle et puissance déroule un véritable boulevard à des compositions pointues et exigeantes. Imprévisible, elle imprime dans chacune de ses chansons ce mélange de force et de fougue qui explose en un bouquet superbe, coloré et puissant qui nous happe. Simple et sans chichi, elle se livre telle qu’elle est.

Il y a du Jane Birkin dans cette voix qui va et vient, mais aussi la folie d’une Émilie Loizeau ou la grâce d’une Camélia Jordana. Ce mélange détonnant donne naissance à une voix unique qui ne se laisse pas submerger par des instrumentations intrépides et fantasques dans lesquelles on se perd avec un bonheur fou. La Française nous conte une histoire que l’on se plait à écouter empruntant des chemins sinueux et mélancoliques.

Raphaële Lannadère possède en elle ce qui fait tout le sel d’un label comme Tôt ou tard, mêlant le conformisme d’une chanson française à l’impertinence d’une instrumentation osée et audacieuse. Le plus naturellement du monde elle impressionne de son audace et de sa délicatesse.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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