Jumo est peut-être l’un des artistes électro les plus enthousiasmants de ces dernières années. Suite à une série d’Ep tous plus impressionnants les uns que les autres, le parisien nous revient au travers de son premier LP intitulé « Et le vent ? ». Le français y déploie des trésors d’ingéniosité pour nous entrainer dans une électro cinématographique extrêmement bien pensée. 

Dès le premier titre éponyme, le décor est posé. On est de suite embarqué dans ce mélange électro pop qui nous fait frissonner de sa capacité à proposer un titre mêlant mélodies et puissance du beat. On se retrouve submergé par cette vague électro qu’il construit avec ardeur dans un tout à la rondeur surprenante. Superbement mis en scène la musique de Jumo nous tient en haleine dans un déluge de bons sons qui n’en finissent pas de nous retourner le cerveau. Avec soin, le français construit sa première composition simplement tout en nous gardant captifs d’une tension électro.

L’electro enlevée du français sur « Les autres » coule doucement dans nos oreilles et se mêle au rythme de la ville avec une facilité déconcertante. Touchant du doigt une sorte d’esthétique tout en rondeur, la musique du parisien concilie avec brio capacité dansante et feutrée de l’instrumentation. On se laisse prendre au jeu de cette musique à l’électro pointue multipliant les sonorités douces et atypiques pour un rendu des plus réussi. Avec un sens de la phrase musicale, Jumo discute avec ses machines comme aucun autre et nous dévoile au fur et à mesure une poésie instrumentale qui nous laisse coi. Imbriquant les parties les unes aux autres, il dessine un patchwork électro de toute beauté.

La créativité sans faille de Jumo sur des titres comme « Parfois » ou « Normal » lui donne le loisir de proposer avec beaucoup de finesse une musique loin des schémas classique. Tout en gardant un pied dans le réel, les compositions du parisien se plaisent à multiplier les incursions en territoire expérimental pour mieux nous revenir mélodiques et dansantes sur un beat précis et sobre. Il n’y a jamais dans sa musique une approche stérile ou violente d’un style qu’il maîtrise à merveille. Capable d’hausser le ton sur certaines parties d’un titre comme « Steve », il n’en demeure pas moins un faiseur d’electro à la sobriété nuancée.

Ce LP fait aussi une grande place aux duos. C’est ainsi des rappeurs de renommés tels Hyacinthe ou Oré qui posent leur flow sur l’instrumentation ciselée du parisien. Là où Hyacinthe sur « Première Vie » ne prend pas de risque dessinant un schéma classique, Oré se plait à nous emporter dans une composition plus aboutie sur le très beau « Une belle personne ». Cependant le duo le plus réussi est « Steve ». Avec ce titre Jumo bouscule une nouvelle fois les codes accompagné par l’extraordinaire Léonie Pernet. Touchant du doigt une musique à l’expérimentation très forte, Jumo nous embarque dans la folie de Léonie Pernet avec une sensibilité qui met en exergue la puissance musicale de la française. Complètement dans son élément sur un titre jouant avec les codes du style, il propose un background cousu main qui fonctionne à merveille.

L’electro de Jumo n’est jamais très loin d’une expérimentation délicate qui n’en fini pas de nous entrainer dans les limbes d’un compositeur atypique et diablement addictif. Travaillant des sonorités pastel avec un soin particulier, le parisien esquisse un univers à la douceur sobre et aux reliefs dansants qui nous invite à la contemplation active. Mêlant l’intransigeance d’un Chapelier Fou et la douceur electro d’un Sébastien Schuller, Jumo dessine des histoires avec une musicalité sans cesse renouvelée. On se laisse prendre au jeu de ces contes électroniques qui nous entrainent dans un univers poudreux et diablement addictif.

Arnaud Le Tillau
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